Syrie Manifestants tués lors de l’attaque d’une mosquée

23 mars 2011
Amnesty International condamne l’assaut mortel mené par les forces de sécurité syriennes contre une mosquée dans la nuit du 22 au 23 mars; de nombreuses personnes soupçonnées d’être dans l’opposition ont été arrêtées dans tout le pays.

Au moins sept personnes auraient été tuées lors d’un raid mené de nuit sur la mosquée al Omari dans la ville de Deraa, dans le sud du pays, où des manifestants en grand nombre avaient organisé un sit-in.

L’attaque mortelle s’est produite alors que, dans le même temps, les forces de sécurité arrêtaient des dizaines d’étudiant·e·s, de militant·e·s, de journalistes et d’intellectuel·le·s dans tout le pays après une semaine de manifestations, sur fond de mouvements de protestation similaires dans tout le Moyen Orient et en Afrique du Nord

Le couvre-feu a maintenant été décrété à Deraa où le gouvernement a averti les habitant·e·s qu’ordre avait été donné de tirer sur ceux et celles qui quitteraient leurs maisons.

«Les autorités syriennes doivent cesser de faire un usage excessif de la force pour écraser les manifestations et libérer immédiatement toutes les personnes détenues pour avoir exprimé pacifiquement leurs convictions», a déclaré Philip Luther, directeur adjoint d’Amnesty International pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord.

«Les personnes arrêtées risquent la torture et des mauvais traitements et nous sommes très inquiets pour leur sécurité.»

Feu ouvert sur les manifestants

Peu après minuit, de nombreux soldats et agents de la sécurité en civil sont arrivés à la mosquée al Omari et certains ont ouvert le feu sur les manifestant·e·s.

Un militant syrien des droits humains a déclaré à Amnesty International que, selon les habitants du quartier, au moins deux des sept personnes tuées ont été abattues à l’intérieur de la mosquée.

S’ils étaient confirmés, ces sept décès porteraient à 13 le nombre de personnes tuées en six jours de manifestations.

Selon ce militant, les forces de sécurité ont tiré du haut des bâtiments sur les manifestant·e·s, les ambulances et les maisons voisines.

Sur des vidéos envoyées par des militants des droits humains, on semble distinguer des  membres des forces armées en train de tirer dans l’enceinte de la mosquée tandis que des civils les implorent d’arrêter.

Selon des sources locales, les personnes tuées sont Omar Abd al Wali, Muhammad Abou al Eyoun, Hamid Abou Nabbout, un médecin, le Dr Ghassan Ali al Mahameed, Ashraf Masalma, Ibtisam Masalma et Tahir Masalma. De nombreuses autres personnes auraient été blessées.

Aucun rapport crédible ne permet de supposer que les manifestant·e·s étaient armé·e·s.

Les autorités syriennes accusent des «bandes armées» d’être derrière certaines des manifestations de Deraa et ont déclaré que Ghassan Ali al Mahameed avait été tué lorsque l’ambulance dans laquelle il se trouvait avait été «attaquée par une bande armée, ce qui fait de lui un martyr.» Elles ont fourni d’autres détails pour étayer cette thèse.

Arrestations

Les routes conduisant à la ville ont été bouclées par les autorités; les forces de sécurité patrouilleraient de maison en maison pour procéder à des arrestations et emmèneraient les personnes arrêtées vers des destinations inconnues.

Parmi les personnes arrêtées ces deux derniers jours à Deraa figure Nizar al Harek, chef communautaire qui avait été nommé pour négocier avec les autorités.

En se basant sur les informations transmises par les familles et des organisations syriennes de défense des droits humains, Amnesty International a établi une liste de 93 noms de personnes arrêtées entre le 8 et le 23 mars à Damas, Alep, Banias, Deraa, Douma, Hama, Homs, Lattaquié, Maaratan Numan et al Malkiyah et toujours détenues sans que l’on sache où.

Le nombre réelle de personnes arrêtées est probablement considérablement plus élevé. Selon une organisation syrienne de défense des droits humains, environ 300 personnes avaient été arrêtées à Deraa dans les cinq jours qui ont précédé l’assaut de la nuit dernière.

Ces 93 personnes seraient âgées de 14 à 45 ans et il y aurait cinq femmes parmi elles. Certaines sont membres de la même famille.

Parmi les personnes arrêtées se trouvent des étudiant·e·s, des intellectuel·e·s, des journalistes et des militant·e·s. Tous n’ont pas pris part aux manifestations, certains ont été arrêtés en raison de leurs activités sur internet.