Syrie A Alep, des bombes à sous-munitions visent les civils

6 mars 2013
Billet écrit par Donatella Rovera, principale conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise.

Les enfants sont les premières victimes des bombardements. © AI

Dans un hôpital de campagne, que je ne nommerai pas pour des raisons de sécurité, un petit garçon de sept ans présentant de profondes lacérations à l’abdomen et au torse tremblait comme une feuille et gémissait de douleur. Des membres de sa famille venaient à peine de récupérer le corps de son frère Nizar, âgé de trois ans, afin de l’inhumer. Un autre frère, Subhi, huit ans, était toujours porté disparu à 18 heures.

Dans une autre pièce, Fahad, un garçon de neuf ans dont la vilaine plaie à la jambe gauche avait été causée par des éclats, répétait inlassablement: «Papa, je ne veux pas mourir, je veux rentrer à la maison.» Il avait cependant eu de la chance car sa blessure était relativement bénigne par rapport à celles des autres enfants que j’ai vus sur place.

Ces enfants sont quelques-unes des victimes de bombes à sous-munitions larguées sur un lotissement densément peuplé de la ville d’Alep. Cette attaque a fait au moins 19 morts et plus de 60 blessés. Les bombes à sous-munitions font partie des armes interdites à l’échelon international. Un grand nombre des victimes de ces bombes sont des enfants qui jouaient dans les ruelles.

L’armée de l’air syrienne a largué neuf bombes – contenant chacune jusqu’à 150 sous-munitions – au milieu d’un vaste quartier résidentiel. Des membres de groupes d’opposition armée qui contrôlent la zone ont rapidement rempli un sac avec les petites bombes non explosées éparpillées partout. Les murs des immeubles étaient criblés d’éclats, et on pouvait voir çà et là des trous à l’endroit où les petites bombes meurtrières avaient pénétré avant d’exploser à l'intérieur de certains logements.

Noura, une jeune femme de 20 ans que j’ai rencontrée dans un des hôpitaux, m’a dit qu’elle avait été blessée dans son appartement. Sa sœur, qui était à ses côtés, m’a demandé : «Pourquoi le monde reste-t-il passif alors que nous continuons à nous faire bombarder tous les jours, même chez nous?» Je n’avais pas de réponse.

Ceux qui ordonnent ces attaques aveugles incessantes savent qu’ils tueront et mutileront des enfants et d’autres civils qui n’ont rien à voir avec le conflit. Il faut également qu’ils sachent qu’ils auront un jour des comptes à rendre pour ces crimes de guerre.