La marche des fiertés 2010 à Belgrade était une première après 10 ans de discrimination. © AI
La marche des fiertés 2010 à Belgrade était une première après 10 ans de discrimination. © AI

Serbie Marche des fiertés interdite

30 septembre 2013
La décision des autorités serbes d'interdire la marche des fiertés 2013 à Belgrade est une infraction pure et simple à la loi et à la Constitution du pays, a déclaré Amnesty International. Cette décision, la troisième en trois ans, a été annoncée quelques heures seulement avant le moment prévu pour le départ de la marche.

«En interdisant de nouveau la marche des fiertés à Belgrade, le gouvernement de Serbie manque à ses obligations internationales de garantir les droits fondamentaux de toutes les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) de Serbie à la liberté d'expression et de réunion», a dit Jezerca Tigani, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International.

L’excuse «sécurité»

Pour justifier l'annulation de la marche, le Premier ministre Ivica Dačić – qui est également ministre de l'Intérieur – a invoqué l'éventualité de problèmes graves de sûreté, et notamment de sécurité pour les citoyens et les participants, ainsi que son devoir de préserver la paix publique.

«Il incombe au gouvernement de veiller à ce que des rassemblements pacifiques tels que la marche des fiertés puissent se dérouler à Belgrade sans perturbations illégales. Il apparaît toutefois, et c'est regrettable, que ce gouvernement n'a pas le courage de garantir ces droits», a ajouté Jezerca Tigani.

Une victoire de la haine

«L'interdiction de la marche des fiertés de Belgrade est encore une fois une victoire pour la haine, la violence et les discriminations. Elle laisse planer l'ombre d'un mépris total de l'Union européenne, qui a demandé à plusieurs reprises à la Serbie de faire en sorte que la marche puisse avoir lieu cette année.»

Plus tôt, le même jour, une délégation d'Amnesty International qui s'était rendue à Belgrade avait observé que les préparatifs étaient bien avancés, que la police était déployée le long de l'itinéraire prévu et que des barrières de sécurité étaient mises en place.

Des enquêtes doivent être menées

Elle a également assisté à une manifestation organisée par le mouvement de droite Dveri, défenseur de la famille, dans l'une des principales places de la ville. Plus tard, des ultranationalistes portant des bannières religieuses et homophobes ont bloqué l'une des principales rues de Belgrade, forçant les tramways à l'arrêt dans l'une des grandes rues commerçantes de la ville.

Amnesty International prie les autorités de fournir une analyse détaillée des menaces à la sécurité invoquées par le Premier ministre. Il leur incombe aussi de mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie sur toute menace de cette nature.