Des actes de représailles par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés ne peuvent être exclus. Il est urgent que des observateurs indépendants puissent se rendre sur le terrain afin de protéger les civils. Amnesty International a reçu, il y a quelques jours, des informations confirmant les rapports de l’ONU selon lesquels au moins 82 civils ont été exécutés par les forces gouvernementales syriennes ou leurs alliés. «Nous craignons que sans véritable surveillance, les personnes qui quittent l’est d’Alep ne soient victimes de détentions arbitraires, de disparitions forcées ou d’exécutions extrajudiciaires», a déclaré Anna Neistat, directrice générale chargée des recherches à Amnesty International. «Toutes les parties au conflit doivent faire de l’évacuation des civils une priorité en ce moment critique et autoriser l’acheminement d’une aide humanitaire impartiale dans l’est d’Alep, afin que les premiers secours puissent parvenir à ceux qui en ont besoin.»
Amnesty International demande:
Que les civils soient protégés et que cessent les attaques illégales dont ils sont victimes
- Le droit international humanitaire exige que les parties au conflit fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les civils pendant les attaques. Les troupes syriennes, soutenues par la Russie et l'Iran, doivent donc cesser immédiatement toutes les attaques contre des civils et des infrastructures civiles telles que les hôpitaux et les bâtiments résidentiels.
- Ces derniers mois, les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés, la Russie et l'Iran, ont bombardé Alep-Est sans relâche, visant délibérément des civils et des installations civiles comme les hôpitaux et les bâtiments résidentiels. Cela fait partie d’une stratégie de guerre pour forcer les civils à fuir et permettre de gagner du terrain. Ces attaques impitoyables violent clairement le droit international.
Des observateurs internationaux pour empêcher des actes de représailles
- Des observateurs des Nations unies doivent surveiller l’évacuation d’Alep-Est et veiller à ce que les civils ne soient pas victimes d’actes de représailles en étant emprisonnés, déportés ou victimes d’exécutions extrajudiciaires.
- Amnesty International a reçu des informations qui coïncident avec les chiffres de l'ONU selon lesquels au moins 82 personnes ont été exécutées par des combattants syriens et leurs alliés. La plupart de ces personnes avaient des liens familiaux avec des groupes armés d’opposition.
- Les arrestations et disparitions arbitraires pour intimider la population civile constituent un crime contre l’humanité. Elles représentent une sombre réalité depuis longtemps en Syrie.
Des voies d'évacuation sécurisées
- Toutes les parties au conflit doivent assurer des voies sûres d’évacuation aux civils qui veulent s’en échapper. Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés doivent permettre à la population d’Alep-Est de fuir. Les civils tentent désespérément de se mettre en sécurité; mais sont contraints de retourner sur les zones de conflit et exposés à de nouveaux bombardements.
- Les contrôles des forces gouvernementales syriennes et de leurs alliés iraniens et russes ne peuvent se faire que sur une durée limitée, dans le respect du droit international. Ces contrôles doivent êtres supervisés par des observateurs internationaux indépendants.
Permettre l'accès humanitaire
- Amnesty International appelle toutes les parties au conflit à accorder un accès sans entrave aux organisations humanitaires.
- Alep-Est subit un siège depuis juillet 2016 et manque de nourriture, d'eau, de médicaments et d’autres produits de première nécessité. La stratégie qui consiste à affamer la population civile est un crime de guerre.
Des sanctions internationales
- L'incapacité du monde à agir contre les attaques incessantes et les nombreux crimes de guerre commis à Alep-Est est honteuse et demeurera longtemps une tache sombre dans la conscience de l’humanité.
- La communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité de l'ONU, l'Assemblée générale de l'ONU et l'Union européenne, doit utiliser tous les moyens disponibles pour mettre fin aux atrocités et assurer l'évacuation de la population civile en toute sécurité.
- De manière récurrente, le Conseil de sécurité de l'ONU s’est montré incapable d’agir parce que la Russie et la Chine ont mis leur veto à toute décision susceptible de mettre un terme aux attaques contre les civils ou qui aurait permis une poursuite par la Cour pénale internationale.
- En l’absence de justice et sans l’inculpation des personnes responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, il n’y a aucune chance que les atrocités cessent dans un avenir proche.
- La communauté internationale doit prendre des mesures concrètes, y compris des sanctions contre les responsables qui ont ordonné des attaques illégales, et prononcer un embargo global sur les armes. Il faut en outre mettre immédiatement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui exigent la fin des situations de siège, des attaques et des disparitions forcées contre les civils, ainsi qu’un accès sans entrave à l'aide humanitaire.