Le nouveau gouvernement tunisien a été mis sur pied après des semaines de manifestations contre le gouvernement dans tout le pays qui ont débouché sur l'instauration de l'état d'urgence. Le président Ben Ali a fui la Tunisie le 14 janvier.
Parmi les détenus libérés mercredi 19 janvier figuraient deux prisonniers d'opinion adoptés par Amnesty International, le journaliste Fahem Boukadous et le militant Hassan Ben Abdallah.
Le journaliste Fahem Boukadous et le militant Hassan Ben Abdallah ont été incarcérés après leur arrestation liée à leur participation aux manifestations qui ont eu lieu en 2008 dans la région de Gafsa. Ils ont été déclarés coupables à l'issue de procès iniques et condamnés à des peines de quatre ans d'emprisonnement.
Au moment de sa libération, Fahem Boukadous, déjà incarcéré de 1999 à 2001, a déclaré : «J'aimerais remercier tous les membres d'Amnesty International qui ont fait campagne en faveur de ma libération. Si j'ai rejoint le mouvement, c'est bien sûr en raison de mes convictions, mais aussi parce qu'il m'a épaulé tout au long de mon procès.»
«La libération de ces prisonniers constitue une mesure éloquente et encourageante. Elle doit maintenant être suivie par l'octroi de réparations à ces personnes», a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
Des prisonniers politiques restent pourtant en prison
Toutefois, Amnesty International a reçu des informations selon lesquelles tous les prisonniers politiques n'ont pas été remis en liberté, comme cela avait été initialement annoncé.
Les prisonniers politiques Ali Hirabi, Ali Ben Farhat et Hachemi Ben Taleb, lies à Ennahda (Renaissance), organisation islamiste interdite, n'ont pas encore recouvré la liberté, en dépit des promesses faites.
Amnesty International a invité les autorités tunisiennes à réviser toutes les condamnations prononcées au titre de la Loi antiterroriste de 2003, controversée et très critiquée.
Cette loi propose une définition vague et générale du terrorisme et, en pratique, a servi à réduire au silence toute personne perçue comme une menace pour la sécurité. L'organisation craint que nombre des personnes concernées ne soient des prisonniers d'opinion, détenus uniquement pour avoir exprimé leurs convictions de manière pacifique.
Des réformes nécessaires
«Les autorités tunisiennes doivent désormais faire montre de leur détermination à en finir avec la politique gouvernementale qui s'est traduite par des violations systématiques des droits humains pendant plus de 20 ans et entreprendre de réformer les services de sécurité qui harcèlent et oppriment les simples citoyens depuis si longtemps, a affirmé Hassiba Hadj Sahraoui.
«Elles peuvent d'ores et déjà abolir sans délai les mesures restrictives ciblant les anciens prisonniers politiques, qui sont régulièrement soumis à une surveillance policière oppressive.»
En outre, ces anciens détenus se voient refuser l'accès à des soins médicaux, ne sont pas autorisés à circuler librement et peuvent être de nouveau arrêtés et incarcérés simplement parce qu'ils ont exercé leurs droits à la liberté d'expression, de réunion, d'association et de mouvement.