Le procès de Nabil Karoui, propriétaire de la chaîne Nessma TV, devrait reprendre le jeudi 19 avril après avoir été ajourné en janvier.
Nabil Karoui est poursuivi pour «atteinte aux valeurs du sacré» et «troubles à l’ordre public» après la diffusion par sa chaîne du long métrage d’animation, auquel on reproche d’être blasphématoire car il comporte une scène montrant une représentation de Dieu.
Nabil Karoui encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement.
«Alors que nous comptons sur le gouvernement tunisien pour qu’il donne l’exemple et consacre le plein respect des droits humains dans la nouvelle constitution du pays, il est troublant de voir que ce procès se poursuit, a expliqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
«Poursuivre en justice et condamner des personnes parce qu’elles ont exprimé pacifiquement leurs opinions, même si celles-ci peuvent être considérées comme choquantes par certains, est totalement inacceptable et ne correspond absolument pas à ce qu’on est en droit d’attendre de la nouvelle Tunisie, a-t-elle ajouté. Ces pratiques rappellent les violations commises par le gouvernement Ben Ali renversé et doivent cesser.»
Nabil Karoui a été inculpé au titre de l’article 48 de l’ancien Code de la presse et de l’article 121(3) du Code pénal qui incrimine la diffusion d’informations «susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ou aux bonnes mœurs».
En octobre 2011, la diffusion sur Nessma TV d’une version en dialecte tunisien de Persepolis, film primé sur la révolution iranienne de 1979 racontée du point de vue d’une petite fille, avait provoqué des réactions de colère.
La maison de Nabil Karoui a été incendiée le 14 octobre à la suite d’une manifestation devant les bureaux de Nessma TV, dans le centre-ville de Tunis. Des militants salafistes sont soupçonnés d’avoir perpétré cette attaque. Nabil Karoui a porté plainte mais, à ce jour, personne n’a été tenu de rendre des comptes à la connaissance d’Amnesty International.