La Tunisie doit choisir la voie des droits humains

Une année après les première élections démocratiques, Amnesty International doute de la volonté des autorités tunisiennes de mettre en œuvre des réformes. Dans le domaine des droits humains l’organisation constate même un recul.

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Dans un nouveau rapport, Amnesty International se dit préoccupée par la situation des droits humains en Tunisie. «La Tunisie a été le berceau de la révolution en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. A partir de ce pays, la volonté de réforme a touché toute la région» (version anglaise pdf - 43 pages), a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International. «Nous reconnaissons les efforts déployés par les autorités tunisiennes, notamment pour examiner le passé. Mais ces efforts ne vont pas assez loin, surtout en ce qui concerne les réformes nécessaires dans le domaine des droits humains.»

Après les premiers mois de la chute de l'ancien dictateur Ben Ali, des réformes significatives ont été entreprises: d’importants traités des droits humains ont été ratifiés, de nombreux prisonniers d’opinion ont été libérés, des lois sur la liberté de presse ont été adoptées et les limites à la création de groupes d'intérêt ont été abrogées. Mais le gouvernement n'a pas soutenu ces réformes de manière décisive. Amnesty International a plutôt constaté la tendance inverse : la liberté d'expression des journalistes, des artistes, des détracteurs du gouvernement, des écrivains et blogueurs a été restreinte en vertu du motif fallacieux qu'elle mettait en péril la sécurité publique et la morale.

L'état d'urgence, en vigueur depuis janvier 2011, a été renouvelé plusieurs fois et reste actuellement en vigueur jusqu’à fin octobre 2012. Les manifestants qui expriment leur mécontentement face à la lenteur des réformes subissent des violences inutiles et brutales. Durant l’année écoulée, Amnesty International a reçu de nombreux comptes rendus d’actes de torture et de mauvais traitements en Tunisie. «La Tunisie est à la croisée des chemins: le gouvernement doit profiter de cette occasion historique d’examiner le passé pour mettre en œuvre les principes de l’Etat de droit», a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.

Communiqué de presse publié le 17 octobre 2012,Londres, Lausanne
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