Tunisie Faire la lumière sur l'homicide de Chokri Belaïd

7 février 2013
L’homicide de Chokri Belaïd, membre de l'opposition politique en Tunisie, devant chez lui, doit donner lieu à l’ouverture d’une enquête approfondie, indépendante et impartiale par les autorités tunisiennes.

Chokri Belaïd, figure influente de l’opposition de gauche en Tunisie, a été abattu de plusieurs balles dans le cou et la tête alors qu’il quittait son domicile, à Tunis le matin du 6 février 2013. Il était le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates, et critiquait ouvertement le gouvernement. Il condamnait la violence politique et appelait au respect des valeurs démocratiques en Tunisie. C’est la première fois qu’un tel assassinat a lieu en Tunisie. Personne ne l’a revendiqué pour l’instant.

Ces derniers mois, plusieurs actes de violence visant des militants politiques, des locaux de partis politiques et des rassemblements ont été observés, notamment lors d’une réunion à laquelle Chokri Belaïd a participé, pas plus tard que samedi 2 février. Il faisait semble-t-il l’objet de menaces.

«Une parodie d’enquête ne suffira pas»

«Il ne faut pas que les autorités tunisiennes s’imaginent qu’elles peuvent condamner cet homicide puis passer à autre chose. Il faut, aujourd’hui plus que jamais, que justice soit rendue et que cela soit manifeste», a souligné Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. «Deux ans après que le président Ben Ali ait été forcé à quitter le pouvoir, les Tunisiens sont de plus en plus méfiants à l’égard des institutions qui sont censées protéger les droits humains, et ils ne se satisferont pas d'une parodie d’enquête.»

Amnesty International a fait état de sa vive préoccupation à propos du manque d'indépendance de la justice et de la nécessaire réforme du secteur de la sécurité.

Quand la nouvelle de la mort de Chokri Belaïd s’est répandue, des milliers de personnes ont défilé en Tunisie afin de faire part de leur émotion et de condamner cet acte. Amnesty International demande aux forces de sécurité tunisiennes de s’abstenir de recourir à une force injustifiée ou excessive, et de veiller à ce que chacun puisse exprimer pacifiquement et librement ses opinions.