Fatima Hussein Badi et son frère Abdullah ont été arrêtés en 2000 et inculpés pour le meurtre du mari de Fatima. En septembre 2003, la Cour suprême du Yémen a déclaré que Fatima n’avait pas tué son mari et sa condamnation à mort de 2001 a été commuée en une peine d’emprisonnement de quatre ans.
Au cours des interrogatoires, les enquêteurs ont tenté d’extorquer des «aveux» à Fatima en la mettant en présence de son frère, qui avait le visage couvert de sang. Alors qu’on menaçait de violer Fatima, son frère a fait des «aveux», probablement dans le but de lui épargner ce supplice. Lors des interrogatoires de la police, Fatima et Abdullah Hussein Badi n'ont bénéficié d'aucune assistance juridique. L’avocat de Fatima n’a pas eu le droit de participer à toutes les séances lors de la procédure devant les tribunaux. Abdullah a été exécuté en 2005, et le même sort menace aujourd’hui Fatima.
Violence quotidienne
Au Yémen, la discrimination et la violence font partie du quotidien de nombreuses femmes et filles, ce qui a des conséquences dévastatrices sur leur vie. La législation, les coutumes et les traditions yéménites les rabaissent au niveau de citoyennes de seconde classe. Il n’existe au Yémen aucune loi qui protège expressément les femmes et les filles contre la violence. Le Code pénal condamne certes la violence physique, mais ne mentionne aucunement la violence domestique – physique ou psychique – envers les femmes et les filles. Les coutumes et les normes sociales permettent même aux hommes de frapper leurs femmes, leurs filles et leurs sœurs.
Au Yémen, en particulier dans les régions rurales, il est fréquent de procéder à des mariages précoces. Il arrive que des filles âgées d’à peine huit ans soient mariées. Par conséquent, les filles ne vont plus à l’école, ne suivent pas de formation et se retrou-vent financièrement et socialement dépendantes de leur mari. De plus, les grossesses précoces et les accouchements mettent leur santé en péril.