Yemen Libération d'un journaliste d'investigation

25 juillet 2013
Les autorités yéménites ont finalement remis en liberté Abdul Ilah Haydar Shayi, grâce aux pressions internationales, mais il fait toujours l’objet d’une interdiction de voyager. Les autorités yéménites doivent également répondre aux allégations selon lesquelles ce journaliste d’investigation a subi des mauvais traitements et a été emprisonné de manière arbitraire.

«Il semble qu’Abdul Ilah Haydar Shayi était un prisonnier d’opinion, pris pour cible uniquement en raison de son travail légitime de journaliste. Maintenant qu’elles l’ont libéré, les autorités yéménites doivent mener une enquête indépendante et impartiale sur l’attaque de 2009 qu’il a contribuée à dénoncer», a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Abdul Ilah Haydar Shayi a été le premier journaliste yéménite à parler d'une implication des États-Unis dans l'attaque contre un village dans le gouvernorat d'Abyan, dans laquelle 41 habitants, dont 21 enfants, avaient trouvé la mort. Il a été arrêté à son domicile, dans la capitale yéménite Sanaa, puis condamné à cinq ans de prison pour avoir entretenu des liens avec Al Qaïda – accusations qui découlent d’interviews qu’il a menées avec des membres du groupe armé pour son travail journalistique.

Le gouvernement yéménite a affirmé que l’attaque ciblait un «camp d’entraînement de terroristes» dans le gouvernorat d'Abyan (sud du Yémen). Une commission parlementaire a invité le gouvernement du Yémen à ouvrir une information judiciaire sur cette attaque et à traduire en justice les responsables présumés de la mort d’«innocents». À la connaissance d’Amnesty International, rien n’a été fait. Le gouvernement a par la suite présenté ses excuses aux familles des victimes, expliquant que les homicides étaient une «erreur».

Amnesty International exhorte les autorités yéménites à enquêter sur les allégations de graves irrégularités dans cette affaire, notamment sur la déclaration de culpabilité prononcée contre Abdul Ilah Haydar et sur ses allégations de mauvais traitements en détention. S'il est confirmé que sa détention était arbitraire, il doit recevoir réparation et son interdiction de voyager doit être levée.