Yémen Au moins six civils brûlés vifs lors de nouvelles frappes aériennes

Il apparaît de plus en plus clairement que la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite s’abstient de prendre des précautions afin de prévenir l’homicide de civils lors des frappes aériennes prenant pour cible des sites situés au Yémen, a déclaré Amnesty International, en confirmant qu’au moins six civils, dont quatre mineurs, faisaient partie des quatorze personnes brûlées vives lors de nouvelles frappes très tôt le 31 mars.

Ces attaques, lancées vers deux heures du matin dans le gouvernorat d’Ibb, visaient semble-t-il un poste de contrôle houthi ainsi que des réserves de carburant le long de la route entre Yareem et Dhammar. Quatre enfants et deux femmes sont morts, ainsi que huit hommes dont on ignore s’il s’agissait de combattants. Au moins trente-et-une autres personnes ont été hospitalisées pour des brûlures et des blessures causées par des éclats de métal.

«Après plusieurs jours de bombardements souvent intenses dans diverses zones du Yémen, il est de plus en plus manifeste que la coalition emmenée par l’Arabie saoudite est indifférente aux morts civiles et aux souffrances causées par son intervention militaire, a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Aux termes du droit international humanitaire, les parties à un conflit sont tenues de prendre toutes les précautions envisageables afin d’épargner les civils lors des hostilités.»

Les précautions requises sont en rapport avec la nécessité de prévenir suffisamment à l'avance lorsque des attaques sont susceptibles de mettre en danger la population civile, d'annuler ou de suspendre une attaque s'il apparaît clairement qu'elle risque de faire trop de victimes civiles ou de causer trop de dégâts matériels dans des zones résidentielles, et de choisir des moyens et des méthodes réduisant les risques pour les civils et les biens de caractère civil.

Deux stations-service ont été détruites par des frappes aériennes dans le gouvernorat d’Ibb. Selon le propriétaire d’une de ces stations, dans la zone d’al Kadima, à al Kita, plusieurs passagers d’une voiture qui s’était arrêtée pour faire le plein ont été tués, et un employé de la station-service a été blessé. Amnesty International n’a pas été en mesure de confirmer si les frappes ont fait des victimes à l’autre station-service.

Une troisième frappe, qui visait semble-t-il un camion-citerne en mouvement, a provoqué l’incendie d’au moins trois logements civils dans un ensemble de trente à quarante habitations.

Le Dr Hamood al Jihafi, de l’hôpital de Yareem, a déclaré à Amnesty International que les morts et les blessés arrivés à l’hôpital présentaient de très graves brûlures et blessures causées par des éclats de métal.

Un camp et un marché touchés

Les frappes dont Ibb a fait l’objet sont survenues un jour après que vingt-neuf civils, dont des enfants, ont été tués par des frappes aériennes sur un pont près du camp d’al Mazraq, qui accueille des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, à Saada, dans le nord du Yémen, près de la frontière avec l’Arabie saoudite. Le marché d’al Kitaf, près de la base militaire d’al Kitaf, a par ailleurs été pris pour cible vendredi 27 mars; vingt personnes, dont trois enfants, ont été tués, et seize ont été blessés.

Des agences humanitaires, telles que le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) et Médecins sans frontières, ont condamné l’attaque ayant visé al Mazraq, et demandé à toutes les parties au conflit armé au Yémen de respecter la neutralité des établissements et personnels médicaux et de permettre que les blessés puissent bénéficier sans restriction d’une assistance médicale.

Des informations contradictoires circulent sur la présence supposée de combattants houthis près du camp, mais même si cela était vrai, cela ne justifie pas une attaque contre une zone civile densément peuplée.

«L'ensemble des forces concernées doivent éviter de déployer ou de placer des objectifs militaires ou des combattants à l'intérieur ou à proximité de zones fortement peuplées. La présence présumée de combattants près d’objets civils, notamment de camps de personnes déplacées, ne signifie pas que les parties rivales peuvent bafouer l’obligation qui leur est faite de réduire au maximum les préjudices causés aux civils», a déclaré Said Boumedouha.

1er avril 2015