Le 25 mars 2015, une coalition internationale menée par l’Arabie saoudite lançait des frappes aériennes contre les Houthis - groupe armé du Yémen - déclenchant un conflit armé de grande ampleur.
Un conflit de plus en plus étendu
Six mois plus tard, le conflit s’est étendu et les combats ont touché 20 des 22 gouvernorats du Yémen, soit la quasi-totalité du pays. Des atteintes aux droits humains et des crimes de guerre sont perpétrés aux quatre coins du pays, causant des souffrances insupportables à la population civile.
En plus des attaques incessantes des forces de la coalition venues des airs, les différents groupes rivaux s’affrontent au sol. D’un côté se trouvent les Houthis, un groupe armé dont les membres appartiennent à une branche de l’islam chiite connue sous le nom de zaïdisme. Les Houthis sont alliés aux partisans de l’ancien président du Yémen, Ali Abdullah Saleh. Face à eux, les forces anti-houthis, alliées à la coalition menée par l’Arabie saoudite.
Les civils sont piégés entre les deux camps. Des centaines d’entre eux ont été tués ou blessés, et la crise humanitaire ne cesse de s’aggraver.
Depuis six mois, une grande partie du monde ignore ce conflit et ne reçoit que peu d’informations sur ses conséquences dévastatrices.
Les origines du conflit
1990 : le Yémen du Nord et le Yémen du Sud s’unissent pour former la République du Yémen, avec Ali Abdullah Saleh comme président. M. Saleh avait été président du Yémen du Nord pendant 12 ans avant cela. Des tensions persistent entre le Nord et le Sud et on assiste à des affrontements sporadiques.
1993 : le vice-président Ali Salem al Beidh quitte le gouvernement du président Ali Abdullah Saleh et retourne à Aden, dans le sud du Yémen. Il demande que cette partie du pays ne soit plus marginalisée économiquement et que la violence politique cesse. Une guerre civile éclate en mai 1994 et s’achève par la victoire d’Ali Abdullah Saleh au bout de trois mois.
2004 : Hussain Badr al Din al Houthi, fondateur du mouvement houthi, est assassiné. Cet événement déclenche la première des six guerres qui opposeront le gouvernement du président Ali Abdullah Saleh aux rebelles houthis dans leur bastion de Saada, dans le nord du pays.
2009 : lors du sixième conflit entre les deux camps, les combats débordent sur l’Arabie saoudite, qui lance alors des frappes aériennes contre le groupe armé houthi à Saada.
2011 : des centaines de personnes sont tuées lors de la répression de grandes manifestations réclamant la destitution du président Ali Abdullah Saleh, la fin de la corruption et de la répression ainsi que l’obligation de rendre des comptes pour les violations des droits humains. Le président Ali Abdullah Saleh est contraint de démissionner et de signer un accord de transfert du pouvoir.
2012 : Abd Rabbu Mansour Hadi est élu président. Le pays entre alors dans une période de transition de deux ans. Les forces gouvernementales continuent toutefois de commettre des violations des droits humains, notamment des homicides illégaux et des disparitions forcées, à l’encontre des partisans d’une sécession au sud. Parallèlement, un nouveau conflit éclate avec le groupe armé houthi au nord.
2014 : les Houthis appellent à de grandes manifestations après que le gouvernement a considérablement réduit les subventions sur le carburant. Le groupe avance vers le sud et s’empare de la capitale du Yémen, Sanaa. En février 2015, le groupe armé dissout le Parlement et annonce son intention de mettre en place un gouvernement de transition.
2015 : Les affrontements entre pro-houthis et anti-houthis se multiplient. Le président Abd Rabbu Mansour Hadi appelle les pays du Golfe et les États arabes à intervenir militairement. La coalition menée par l’Arabie saoudite lance alors des frappes aériennes sur les positions du groupe armé houthi à Sanaa et Saada. Le président Abd Rabbu Mansour Hadi fuit vers l’Arabie saoudite. Dans les six mois qui suivent, le conflit s’étend aux quatre coins du pays.
Le lourd tribut payé par les civils
Les civils sont les premiers touchés par la violence du conflit au Yémen. Non seulement celui-ci a fait de nombreux morts et blessés parmi eux, mais il a aussi aggravé la crise humanitaire qui était déjà profonde après des années de pauvreté et de mauvaise gestion de l’État, entraînant une grande souffrance de la population.
Aujourd’hui, quatre Yéménites sur cinq survivent grâce à l’aide humanitaire. Des services essentiels comme l’accès à l’eau potable et à l’électricité ont été suspendus, et le prix des denrées alimentaires a flambé. La situation est désespérée pour des millions de personnes.
Les dégâts infligés à des infrastructures logistiques cruciales telles que des ponts, des aéroports et des ports maritimes entravent par ailleurs fortement l’acheminement d’équipements humanitaires indispensables. L’accès à des soins de santé est également limité en raison de la fermeture de centres médicaux, des agressions fréquentes dont sont victimes les professionnels de la santé et de l’amenuisement des réserves d’électricité, de carburant, de médicaments et d’équipements chirurgicaux.
Qui combat qui ?
D’un côté le groupe armé houthi - souvent désigné comme les «Comités populaires» - qui est soutenu par certaines unités de l’armée et des groupes armés fidèles à l’ancien président Ali Abdullah Saleh.
Dans le camp opposé, la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite et soutenue par le président Abd Rabbu Mansour Hadi, qui a lancé des attaques aériennes et mené des opérations au sol au Yémen. Cette coalition regroupe les Émirats arabes unis, l’Égypte, Bahreïn, le Koweït, le Qatar, le Maroc, la Jordanie et le Soudan. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont fourni des renseignements et un soutien logistique clés à la coalition, la Somalie a mis son espace aérien, ses eaux territoriales et ses bases militaires à disposition de celle-ci et le Sénégal a promis d’envoyer des soldats.
La coalition est alliée à des groupes armés anti-houthis opérant au sol au Yémen, souvent appelés «Comités de résistance populaire». Elle est en outre soutenue par des unités des forces armées fidèles au président Abd Rabbu Mansour Hadi et par plusieurs autres groupes.