Amnesty International demande instamment la création, lors de l'actuelle session du Conseil des droits de l'homme qui se tient à Genève et qui prend fin le 2 octobre 2015, d'une commission de l'ONU chargée d'enquêter sur les violations des droits humains et les atteintes à ces droits commises par toutes les parties au conflit au Yémen.
1, 4 millions de déplacés
Plus de 2 100 civils, parmi lesquels au moins 400 enfants, ont été tués au cours de ce conflit. La terrible crise humanitaire qui frappe le pays est en train de s'aggraver et plus d'1,4 million de personnes ont été contraintes de partir de chez elles.
«Au cours des six mois qui se sont écoulés depuis le début de la campagne menée au Yémen par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, toutes les parties ont fait preuve d'un impitoyable mépris pour la vie des civils, a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Une souffrance sans précédent
«Avec ce conflit mortel dont on ne voit pas la fin et l'aggravation de la crise humanitaire, les souffrances des civils ont atteint un niveau sans précédent. La communauté internationale doit réagir sans tarder et mettre en place une enquête internationale crédible qui donne aux victimes des graves violations et abus commis au Yémen l'espoir de voir les responsables rendre des comptes, et d'obtenir justice.»
L'Arabie saoudite ainsi que d'autres membres de la coalition militaire qui combat au Yémen et le gouvernement du président yéménite Abd Rabbu Mansour Hadi essaient de bloquer la mise en place par le Conseil des droits de l'homme d'une enquête de l'ONU sur ce conflit.
Mettre fin à l'impunité
«Il est temps que la communauté internationale cesse de se détourner des victimes de la crise qui frappe le Yémen, qu'elle prenne les mesures qui permettront de mettre fin à l'impunité, et qu'elle fasse clairement savoir aux auteurs des violations et abus qu'ils devront répondre de leurs agissements. La première étape en vue de cet objectif devrait être la mise en place d'une enquête exhaustive, impartiale et indépendante», a déclaré James Lynch.
Dans leur grande majorité, les cas de civils tués ou blessés sont imputables à la coalition menée par l'Arabie saoudite et soutenue par les États-Unis et le Royaume-Uni. Amnesty International a rassemblé des informations sur les frappes aériennes de la coalition, qui ont prétendument été menées contre le groupe armé houthi mais qui ont tué des civils et détruit des maisons et d'autres biens civils tels que des écoles et des mosquées. Des infrastructures essentielles telles que des ponts et des routes ont aussi été détruites par des frappes aériennes, ce qui a gêné la livraison de l'aide humanitaire.
Armes interdites
Les forces de la coalition ont en outre utilisé des armes à sous-munitions interdites, qui frappent de manière aveugle par nature et dont il est apparu qu'elles avaient été fabriquées ou conçues aux États-Unis.
«Au lieu de fournir une assistance logistique et militaire aux forces de la coalition qui ont commis de graves violations, ces membres influents de la communauté internationale devraient chercher à amener les auteurs de telles violations à rendre des comptes, a déclaré James Lynch.
«Tout pays qui fournit des armes à l'une quelconque des parties au conflit ne doit jamais autoriser un transfert quand il existe un risque majeur que ces armes soient utilisées pour commettre ou faciliter de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire.»
Violation du droit international humanitaire
Lors des combats au sol, de graves atteintes aux droits humains et des violations du droit international humanitaire ont aussi été commises par le groupe armé houthi et ses opposants. Les deux parties ont mis en danger les civils avec des attaques menées sans discrimination et des attaques contre des zones résidentielles, notamment le bombardement aveugle de villes du sud de l'Arabie saoudite par les Houthis.
Le groupe armé houthi a aussi mené des opérations de répression dans des régions sous son contrôle, en effectuant des descentes dans plusieurs ONG, en les fermant et en menaçant leur personnel. Il a également procédé à un grand nombre d'arrestations et de détentions arbitraires, et d'enlèvements de militants, de journalistes et d'autres personnes qu'il considère comme des détracteurs.