« Ouvrez votre journal n’importe quel jour de la semaine et vous apprendrez que quelque part quelqu’un dans le monde a été emprisonné, torturé ou exécuté parce que ses opinions ou sa religion déplaisent à son gouvernement. Le lecteur ressent alors un sentiment d’impuissance. Pourtant, si tous ceux qui, de par le monde, éprouvent ce même sentiment pouvaient s’unir, une action commune serait alors possible. » Peter Benenson
Une madone arborant une auréole aux couleurs de l’arc-en-ciel constitue-t-elle une offense au « sentiment religieux » ?Elžbieta, Anna et Joanna, trois activistes polonaises pour les droits humains, ont été arrêtées lors d’une manifestation où elles brandissaient une telle affiche pour dénoncer la politique discriminatoire des autorités polonaises à l’égard de la population LGBTI*. Plus de 180 000 personnes ont soutenu l’appel lancé par Amnesty International pour la libération des trois femmes. Leurs efforts ont porté : en mars 2021, les militantes de la cause LGBTI* ont été acquittées en première instance. Le grand soulagement procuré par leur relaxe a été de courte durée : au mois de mai, les autorités ont fait appel du verdict. Les militant·e·s pourraient écoper d’une peine de prison de deux ans au plus pour avoir diffusé les posters à l’effigie de la Sainte Vierge auréolée de l’arc-en-ciel. Le droit à la liberté d’expression ne doit pas être bafoué sur la base d’arguments fallacieux et juridiquement inconsistants. Pour l’instant, Elžbieta, Anna et Joanna restent en liberté. Mais bien d’autres sont encore derrière les barreaux.
« Dans le cadre de la nouvelle campagne anniversaire d’Amnesty International, Spreading Hope since 1961, nous souhaitons inciter les gens à continuer à écrire avec nous ces messages d’espoir et de liberté ! »Alexandra Karle, directrice d'Amnesty suisse
« Il faut beaucoup d’endurance et de foi en l’humanité pour parvenir à des changements », reconnaît Alexandra Karle, directrice d’Amnesty International suisse. « Dans le cadre de la nouvelle campagne anniversaire d’Amnesty International, Spreading Hope since 1961, la Section suisse raconte des histoires comme celle d’Elžbieta, Anna et Joanna, où les droits humains ont fini par triompher. Nous souhaitons inciter les gens à continuer à écrire avec nous ces messages d’espoir et de liberté ! ».
Les origines d’Amnesty International
Le récit est connu : c’est celui de deux étudiants portugais qui trinquèrent un jour à la liberté dans un café de Lisbonne et se retrouvèrent derrière les barreaux. L’avocat londonien Peter Benenson eut connaissance de cette arrestation et, révolté, publia un long article intitulé « The Forgotten Prisoners » dans un quotidien britannique. C’était le 28 mai 1961 – il y a soixante ans aujourd’hui. L’avocat attirait l’attention sur le sort des individus incarcérés, torturés et assassinés en raison de leurs opinions politiques. Il appelait le public à écrire aux gouvernements pour demander leur libération.
À ses débuts, l’organisation s’engageait surtout en faveur des prisonniers et prisonnières de conscience. Grâce à son intervention, des milliers de personnes injustement détenues recouvrèrent la liberté durant les décennies qui suivirent. Peu après sa fondation, Amnesty International élargit son champ d’activité à la lutte contre la torture, les disparitions forcées et la peine de mort. En 1977, elle se vit décerner le prix Nobel de la paix pour son travail contre la violence, la torture et le terrorisme. C’est à la lutte sans relâche des militant·e·s d’Amnesty International que l’on doit l’adoption historique de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Beaucoup d’autres thèmes sont venus s’ajouter à ceux-ci au fil des ans. L’évolution des politiques à l’échelle mondiale et les changements sociétaux n’ont cessé de confronter l’organisation à de nouveaux défis. Celle-ci est pourtant toujours restée fidèle à la vision d’un monde où tous les êtres humains peuvent faire usage de leurs droits. Aujourd’hui comme hier, elle demeure convaincue qu’en unissant leurs forces, un grand nombre de personnes réussissent à faire bouger les lignes.
Un mouvement qui compte plus de 10 millions de membres
Comme le rappelle Alexandra Karle, « plus de 10 millions de personnes s’engagent aujourd’hui aux côtés d’Amnesty International pour défendre les droits humains dans quelque 150 pays. La campagne Spreading Hope since 1961 est conçue pour mettre en lumière les personnes que nous défendons. Elle veut montrer les victoires obtenues dans le champ des droits humains, placer les militant·e·s sur le devant de la scène et donner espoir à celles et ceux qui s’engagent avec Amnesty pour un monde plus juste ».
« Amnesty International continue à lutter pour un monde dans lequel toute personne voit ses droits humains respectés et nous ne nous reposerons pas tant que nous n’aurons pas atteint cet objectif ! »
Vous trouverez ici le premier de ces récits qui font du bien, celui des trois courageuses Polonaises. Conçu selon une approche multimédia qui parle aux émotions, il invite à soutenir le travail d’Amnesty par une adhésion ou un don. « Amnesty International continue à lutter pour un monde dans lequel toute personne voit ses droits humains respectés » assure Alexandra Karle, « et nous ne nous reposerons pas tant que nous n’aurons pas atteint cet objectif ! »
Webinaire en direct : rencontrez les militantes polonaises des droits humains
Le 28 mai à 19 h 30, Amnesty Suisse s’entretiendra avec Elžbieta Podlesna et Joanna Gzyra dans le cadre d’un événement virtuel sur Zoom. Il devient de plus en plus dangereux de s’engager pour les droits humains. Les militant·e·s font l’objet de tentatives d’intimidation, ils et elles sont harcelé·e·s, emprisonné·e·s, maltraité·e·s, voire assassiné·e·s. Elžbieta, Anna et Joanna, les trois militantes polonaises, subissent des pressions, elles sont en butte aux tracasseries des autorités, qui cherchent à les condamner pour leur engagement pour les droits des personnes LGBTI*. Lors de la rencontre virtuelle avec Elžbieta et Joanna, Amnesty Suisse abordera la convergence entre les restrictions croissantes de la liberté d’expression en Pologne et l’homophobie d’État. Rendez-vous ici pour vous inscrire à cet événement qui bénéficiera d’une traduction simultanée en allemand et en français.