Les militant·e·s ont célébré le lancement de la campagne «Agir contre la violence sexuelle faite aux femmes» lors d'une action photo © Philippe Lionnet
Les militant·e·s ont célébré le lancement de la campagne «Agir contre la violence sexuelle faite aux femmes» lors d'une action photo © Philippe Lionnet

Assemblée générale d’Amnesty Suisse 2019 Agir contre les violences sexuelles faites aux femmes et aux filles

Communiqué de presse publié le 4 mai 2019, Berne. Contact du service de presse
L'Assemblée générale d'Amnesty Suisse a été cette année consacrée aux droits des femmes. Dans une résolution adoptée ce samedi, les membres ont exprimé leur soutien à la grève des femmes de 2019. Avec sa nouvelle campagne, Amnesty International s’engage contre les violences sexuelles à l'égard des femmes et des filles en Suisse.

Photos de la conférence annuelle

Une table ronde réunissant quelques 300 militants sur le thème «Agir contre la violence sexuelle faite aux femmes», a rappelé la nécessité d'agir en Suisse pour mieux protéger les femmes et les filles, et garantir un accès facilité à la justice des personnes concernées.

«Les agressions sexuelles ne sont pas signalées dans la grande majorité des cas. Les femmes craignent qu'on ne les croie pas. En même temps, les victimes doivent souvent subir des traitements dégradants de la part des autorités et du pouvoir judiciaire. Une loi pénale obsolète sur les délits sexuels dans plusieurs pays européens en est la cause principale. En conséquence, de nombreuses victimes se retrouvent en mauvaise posture devant les tribunaux et ne parviennent pas à faire valoir les agressions qu’elles ont subies», déplore Monica Costa Riba, responsable de campagne pour les droits des femmes au Secrétariat international d'Amnesty International.

«Des milliers de femmes et de filles restent silencieuses, et n'osent pas engager de poursuites judiciaires contre les auteurs de ces actes.» Monica Costa Riba, responsable de campagne pour les droits des femmes au Secrétariat international d'Amnesty International.

«En Suisse aussi, les victimes de violences sexuelles sont trop souvent laissées pour compte. Des milliers de femmes et de filles restent silencieuses, et n'osent pas engager de poursuites judiciaires contre les auteurs de ces actes. Dans de nombreux cas, les agresseurs sont exemptés de toute sanction. C'est une grande injustice dans le système juridique suisse», regrette Bettina Steinbach, psychologue au Centre d'aide aux femmes victimes de violence sexuelle de Zurich.

Mise en œuvre de la Convention d'Istanbul

La Convention d'Istanbul est entrée en vigueur en Suisse en avril 2018 – une convention du Conseil de l'Europe pour la prévention et la répression de la violence sexuelle contre les femmes et de la violence domestique. «En Suisse aussi, des réformes de la loi pénale sur la sexualité, qui est dépassée, sont nécessaires. Elle est en partie contraire à la Convention d'Istanbul en ce qui concerne les atteintes à l'intégrité sexuelle», souligne Mathias Reynard, conseiller national socialiste valaisan, qui insiste également sur la nécessité de mettre en place des campagnes de prévention est de sensibilisation .

Nora Scheidegger, juriste et experte en droit pénal sexuel suisse, préconise l'introduction d'une nouvelle infraction de base, qui ferait des actes sexuels sans consentement mutuel une infraction punissable et protègerait mieux le droit à l'autodétermination sexuelle.

La nouvelle campagne d'Amnesty Suisse, dont le lancement est prévu fin mai, vise à sensibiliser l'opinion publique et les responsables politiques suisses au fait que la violence sexuelle constitue une violation grave des droits humains, et à mettre en lumière les mesures à prendre pour l’enrayer.
Plus d’informations: http://amnesty.ch/violence-sexuelle

Plus d’espace en faveur de l’engagement pour les droits humains

Cette année, Amnesty Suisse intensifiera également ses efforts pour protéger les défenseurs des droits humains, y compris en Suisse.

Amnesty Suisse demande que l'engagement civil et la solidarité en Suisse soient renforcés plutôt que sanctionnés.

L'organisation demande que l'engagement civil et la solidarité en Suisse soient renforcés plutôt que sanctionnés, comme c'est le cas avec l'actuelle article 116 de la Loi sur les étrangers. L'un des objectifs de la campagne qui se déploie avec le hashtag #FreetoAct, est de réviser cet article qui criminalise la solidarité envers les migrants et les réfugiés. Freiner l’adoption de lois anti-ONG telles que celles récemment promulguées en Hongrie, et œuvrer à une plus grande reconnaissance de la légitimité et de l'importance du travail des défenseurs des droits humains sont d’autres objectifs de cette campagne.
Pour plus d'informations: http://amnesty.ch/libre

Par une action émouvante, les militants participant à l’Assemblée générale ont manifesté leur solidarité avec la militante iranienne des droits des femmes Nasrin Sotoudeh, qui purge actuellement plusieurs années de prison pour son engagement, et dont Amnesty demande la libération sans condition.

Oui à l'extension de la norme pénale antiraciste

Dans une résolution, les membres de la Section suisse ont préconisé l'extension de la norme pénale antiraciste à la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. 

Les membres d'Amnesty International ont également déclaré leur soutien à la grève des femmes de 2019, et annoncé leur participation à des actions et événements locaux. «Les revendications de la grève des femmes pour l'égalité entre les genres, l'égalité de salaire pour un travail de valeur égale, la fin de la discrimination contre les personnes LGBTIQ et bien d'autres revendications, sont fondées sur les droits humains et fondamentaux », affirme une résolution.

Face aux conséquences dramatiques du réchauffement climatique sur les droits humains, les militants ont également exprimé leur solidarité et leur soutien au mouvement de grève global en faveur du climat.