L'initiative pour des multinationales responsables demande que les multinationales qui ont leur siège en Suisse soient obligées par la loi de respecter les droits humains et de protéger l’environnement quand elles font des affaires à l’étranger. «Cette initiative vise une évidence: lorsque des entreprises exploitent des enfants, polluent des rivières ou expulsent violemment des communautés indigènes, elles doivent répondre de leurs actes. Les managers des multinationales ne doivent plus fermer les yeux lorsque leurs activités entrent en conflit avec les droits humains», a déclaré Alexandra Karle, directrice d’Amnesty International Suisse.
«Le contre-projet alibi est inefficace. Nous savons tous que ce sont justement les grandes multinationales les moins scrupuleuses qui publient d’autant plus volontiers de telles brochures. Ces dernières n’auront des pratiques d’affaires responsables que si les violations des droits humains portent à conséquence et qu’elles doivent répondre de leurs actes», a déclaré Dick Marty, ancien Conseiller aux États et co-Président du Comité d’initiative.
«La Section suisse d’Amnesty International s’engage à mobiliser toutes les forces et compétences de son équipe et de sa base militante pour mener campagne aux côtés de la coalition qui porte l’initiative pour des multinationales responsables, forte actuellement de plus de 120 organisations, 350 comités locaux, du comité d’entrepreneurs/euses, du comité bourgeois et du comité des Églises», a conclu Alexandra Karle.
Complément d’informations
En 2016, une large coalition de la société civile, dont Amnesty International, a déposé à la Chancellerie fédérale l’initiative pour des multinationales responsables, munie de 120’000 signatures. Après plusieurs années de discussions, le Parlement, qui avait finalement le choix entre deux contre-projets indirects (législatifs) présentés par chacune des Chambres, a adopté le projet alibi du Conseil des États. Ce contre-projet ne répond pas aux demandes de l’initiative. Il se borne à exiger des entreprises qu’elles publient une fois par an des rapports de durabilité. Celles-ci peuvent même indiquer qu’elles ne font rien dans ce domaine. En outre, contrairement à l’initiative, le contre-projet ne prévoit aucune de clause de responsabilité en cas d’abus.