«Parfum de violettes», de Marisa Sistach, est l'un des films présenté dans le cadre de «Regard». © DR
«Parfum de violettes», de Marisa Sistach, est l'un des films présenté dans le cadre de «Regard». © DR

MAGAZINE AMNESTY Seize jours d'action Femmes violentées: «Non!», à l’unisson

Article paru dans le magazine «Amnistie!», publié par la Section suisse d'Amnesty International, novembre 2004
Du 25 novembre au 10 décembre, Amnesty International unit sa voix aux organisations féminines dans un cri: «Il faut que cesse la violence envers les femmes!» Au programme: manifestation à Berne, projections de films et soirées de témoignages.

La violence dirigée contre le sexe féminin ou qui le touche particulièrement est une tare universelle. On la trouve dans toutes les sociétés, dans toutes les classes sociales, et elle touche tous les âges. Elle a lieu dans le cadre familial, social, ou est imputable à l’Etat. Souvent elle ravage la vie et la santé des femmes à long terme, les laissant infectées par le VIH, enceintes malgré elles, rejetées. Cette violence sert des fins discriminatoires ou de domination, elle peut être une arme de guerre et elle demeure la plupart du temps impunie.
Depuis mars, Amnesty International est en campagne contre ce scandale. Elle a rejoint dans la lutte les organisations de femmes qui, depuis 1991, font campagne chaque année entre les dates symboliques du 25 novembre (Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) et du 10 décembre (Journée des droits humains). Ces dates mettent l’accent sur un aspect essentiel de la campagne: les violences envers les femmes sont autant de violations des droits humains.

Regard cinématographique

«Tu dis que ces garçons abusent de ta copine. Mais c’est peut-être le contraire. Quand les filles ne se font pas respecter, il leur arrive des choses comme ça. Ou pire encore. Si tu continues à fréquenter cette putain, les hommes te traiteront pareil.» C’est, dans les grandes lignes, le discours, imaginé par la réalisatrice mexicaine Marisa Sistach, que tient une mère à sa fille. Parfum de violettes est une fiction tirée d’une amitié véridique entre deux lycéennes qui tourne court. Le film fait voir les conséquences du machisme et des inégalités sociales: la farouche Yessica est victime de viol avec la complicité du fils de son beau-père, qui pourra ainsi s’acheter des baskets neuves. Parfum de violettes juxtapose deux univers sociaux du Mexico d’aujourd’hui, mais il illustre surtout avec beaucoup de sensibilité une amitié entre filles d’autant plus forte que le machisme est ambiant. Le regard est à la fois intime – assez pour prendre conscience de la violence dans le quotidien de la victime – et pudique. Quant à la victime, elle nous est présentée avec un grand réalisme (des défauts, un caractère) qui nous rapproche d’elle. Parfum de violettes sera projeté en Suisse avec une série d’autres fictions et documentaires.