Shirin Ebadi met en parallèle l’évolution politique de son pays avec sa vie. Elle retrace son enfance et son adolescence sous le gouvernement du shah, la Révolution de 1979, réaction à une modernisation inéquitable qui s’est cristallisée sur l’opposition religieuse, et son combat en tant qu’avocate sous la République islamique.
Retour au passé
Aux premiers jours de l’avènement de la République islamique, alors juge, elle se voit destituée de ses fonctions. Elle sera témoin des conséquences de la mise en vigueur d’un nouveau code pénal islamique, constitué de lois anachroniques, «qui nous faisaient revenir quatorze siècles en arrière, aux premiers jours de l’expansion de l’islam, une époque où lapider une femme coupable d’adultère ou couper les mains des voleurs étaient des sanctions justes». De l’obligation pour les femmes de porter le voile à la censure touchant un grand nombre de livres, de la «disparition» inexpliquée d’individus aux emprisonnements massifs, elle s’engage, malgré les menaces de mort, dans un combat aux multiples facettes contre le régime.
Shirin Ebadi a toujours eu la conviction que l’islam peut être compatible avec les notions d’égalité et de démocratie. «Pour avoir une telle approche des choses, j’ai passé la majeure partie de ma vie d’adulte dans la peur; j’ai été menacée en Iran par ceux qui me considèrent comme apostat pour avoir suggéré que l’islam peut être une religion de progrès, dénoncée en dehors de mon pays par des critiques laïques de la République islamique, dont l’attitude n’est pas moins dogmatique.»
Le prix Nobel de la paix qu’elle reçoit en octobre 2003 signe pour elle la reconnaissance de cette conviction selon laquelle il existe une interprétation positive de l’islam.
Shirin Ebadi, Iranienne et libre, mon combat pour la justice, Paris, La Découverte, 2006, 273 p.