Inspirée de faits véridiques, cette bande dessinée présente, au travers des yeux de ces deux protagonistes, la terrifiante réalité que vivent et subissent les femmes de cette ville. En effet, Ciudad Juarez est devenu un bien triste symbole de la maltraitance féminine dans le monde: depuis 1993, plus de six cents femmes ont «disparu » tandis que quatre cents autres ont été assassinées. Ce sont d’ailleurs ces chiffres et la violence de ces meurtres qui ont inspiré Peggy Adam, qui a couché cette réalité sur une planche à dessin.
Une idylle tortueuse
Chacun·e éprouvera certainement un malaise au fil des pages. En effet, le sujet, le style enfantin du trait et le noir-blanc forment une poix épaisse qui nous plongent dans une réalité anormalement violente et animale. La naissance de l’histoire d’amour entre Alma et Jean ne parvient pas à donner une touche de couleur à cette ambiance lourde. Au contraire, un sentiment d’injustice apparaît. Néanmoins, c’est en partie grâce à cette idylle tortueuse que la jeune femme parviendra à se libérer du machisme de son mari. Peut-il y avoir une fin heureuse à une telle histoire? L’interprétation est libre. Quoi qu’il en soit, le récit, à défaut de choquer, pousse à une réflexion sur les conditions de vie de certaines personnes sur cette planète. L’autrice a fait mouche.
Luchadoras
Peggy Adam, Antrabile, 2006
Article paru dans le magazine AMNESTY, n°47, publié par la Section suisse d’Amnesty International, novembre 2006.