Selon des études indépendantes, environ 80% des enfants placés dans des écoles spécialisées en Slovaquie sont Roms. Ces écoles, destinées à des enfants présentant un handicap mental, offrent un enseignement inférieur à la normale. L’exclusion et la séparation du système éducatif des enfants roms est un problème qui concerne toute l’Europe.
Selon le photographe Yves Leresche, spécialiste des Roms, les raisons de la discrimination contre la minorité la plus importante d’Europe sont multiples. Dans le cadre de son travail, il a observé ce qui se passait dans les classes et a remarqué qu’« une fois sur deux, le petit Rom ne vient pas à l’école. Il y a beaucoup de raisons, notamment l’état de survie. Son travail manque à l’économie d’une famille. Le petit Rom, s’il est là, est au fond de la classe, complètement à côté du cours, et il n’a même pas le livre que les autres ont.» De plus, «jusqu’à cinq six ans, ils ne parlent que le romani. Comme, à l’école, on parle une autre langue, ils sont déjà perdus», enchaîne le spécialiste. Très peu d’enfants fréquentent l’école maternelle pour des raisons de coût et par manque de place.
La plupart des Roms de Slovaquie habitent dans des implantations qui ressemblent à des bidonvilles, situées à la périphérie des villes et des villages ; ainsi, «l’enfant est trop loin de l’école, ou alors les parents n’ont pas d’habits de rechange pour leur enfant, ou il ne peut pas se laver. Ils ont honte d’envoyer leur enfant à l’école. Souvent, il n’y a pas assez de sanitaires, d’électricité, les petits Roms n’ont pas un entourage assez fort pour aller à l’école », regrette le photographe. La présence d’assistants sociaux est une des solutions efficaces, selon Yves Leresche: «Les projets intéressants, c’est par exemple d’avoir un assistant social qui est tout le temps dans la classe pour aider l’enseignant pendant les cours et assister les élèves en difficulté. Quand l’enfant ne vient pas en classe, il peut aller le chercher.»
En mai 2004, la Slovaquie a adopté une loi anti-discrimination afin de mettre en oeuvre les directives européennes relatives à l’égalité. Ses effets se font attendre. Joëlle Sambuc Bloise, avocate spécialisée dans les problèmes des Tsiganes, analyse: «Dès le moment où l’Etat se mobilise pour essayer de lancer le dialogue, de trouver des points de contacts, c’est positif. Il y a notamment un travail d’éducation de la population à mener pour essayer de défaire les préjugés et pour sensibiliser les gens à leur propre réaction au racisme.»
Article 26 de la DUDH
«1.Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L’enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.
2. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension,la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations unies pour le maintien de la paix. 3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants.»