Dans son nouveau film, La teta asustada, Claudia Llosa, lauréate à la Berlinale, raconte avec des touches comiques, surréalistes et grotesques, mais aussi avec beaucoup d’humanité, cette histoire de la génération post-guérilla au Pérou. Avec comme décor les quartiers populaires de Lima, entourés par des collines arides où tout signe d’habitation paraît passager. Fausta, qui a quitté avec sa mère leur village dans les Andes, vit chez son oncle, dont l’entreprise familiale consiste à organiser des mariages d’un kitsch criard et joyeux, qui provoquent un contraste merveilleux et absurde avec le désert environnant.
Le pari osé de Claudia Llosa – utiliser la hantise du viol fondée sur le vécu de la mère de Fausta, pour symboliser la fermeture au monde – est réussi. Grâce à une mise en scène virtuose qui nous fait vivre la perspective de Fausta : tout être est potentiellement prédateur, même si la réalisatrice suggère aussi que cette perspective peut être faussée. La métaphore demeure, la pomme de terre à l’appui, macabre, et le monde auquel Fausta doit s’ouvrir n’est pas moins bizarre et inhospitalier, pourtant, il en vaut la peine. Ce film est une superbe expression de ce paradoxe.