Le 28 septembre dernier, le stade de Conakry a été le témoin d’événements sanglants d’une rare violence. Plus de cent cinquante personnes ont été sauvagement massacrées par les militaires. La Guinée, un des joyaux de l’Afrique de l’Ouest et un des premiers pays du continent africain à avoir accédé à l’indépendance, en 1959, s’engouffre de plus en plus dans l’horreur. Aujourd’hui plus qu’hier, le pays sombre dans le chaos politique. La situation n’a jamais cessé de se détériorer et de devenir plus dramatique et chaotique: violations extrêmement graves et massives des droits humains, violences et répressions militaires perpétrées à l’encontre de toute personne jugée ou supposée être opposée au pouvoir de la junte militaire, dirigée par le capitaine Moussa Didas Camara. La descente aux enfers qui n’en finit pas depuis 1959 résulte de la dictature militaire et de la mauvaise gouvernance devenue endémique.
Comme le dénonce Amnesty International, les pays occidentaux comme la France ou la Grande-Bretagne, via sa société en Afrique du Sud, n’ont cessé de livrer des armes à l’Etat répressif et irresponsable guinéen. En 2006, selon Amnesty International, la France aurait livré des grenades antiémeutes au Ministère guinéen de l’intérieur et lui aurait émis, en 2008, un agrément de la vente de grenades assourdissantes et lacrymogènes. Selon Erwin Van der Boght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International, de telles munitions ont été utilisées lors des répressions violentes menées ces dix dernières années par les forces de sécurité guinéennes. Ces dernières ont fait un usage flagrant d’une force excessive, en commettant notamment des violations graves et répétées des droits humains, des violences sexuelles et des assassinats. En Guinée, les puissances occidentales ont toujours tiré les ficelles et sont aussi bien responsables des divisions politiques internes que de la mise en place de la dictature militaire.
Le risque est réel que, après s’être emparé du pouvoir fin 2008, au lendemain de la mort du général président Lansana Conté, et après avoir goûté aux poisons et aux délices du pouvoir, le capitaine Moussa Didas Camara s’accroche à la tête de la Guinée pour longtemps, à l’image de ses prédécesseurs. De plus, certaines puissances étrangères mènent un double-jeu : malgré leur rhétorique en faveur de la paix et l’instauration d’un Etat de droit, elles cherchent toujours à s’enrichir. Le risque qui en découle est que la communauté internationale n’adopte pas une position suffisamment ferme face aux graves atteintes des droits humains dont sont victimes les Guinéen·ne·s.