Cette passion n’est pas le fruit d’un simple hasard. Sa mère a longtemps travaillé pour la Section suisse d’Amnesty International en tant que coordinatrice sur la peine de mort. Quant à son père, il l’a toujours encouragée à la tolérance et au respect d’autrui. «J’ai donc baigné, constate la jeune psychologue, dans un environnement familial engagé en faveur des libertés universelles.»
Certain•e•s de ses ami•e•s sourient lorsqu’elle leur parle des stands de récolte de signatures en plein hiver, sous la neige ou la pluie. «Ce sont eux qui finissent par me soutenir et qui ajoutent volontiers leur nom au bas des pétitions», observe celle qui s’occupe de la gestion du groupe de La Côte en collaboration avec deux autres personnes, dont sa sœur.
Si la déception de la Rolloise est grande face à certains résultats de votations en Suisse, elle avoue que c’est là même que se trouve sa source d’énergie pour aller de l’avant et croire encore plus fort au changement. D’autres faits nourrissent par ailleurs sa motivation de militante. Elle parle de l’encouragement d’un inconnu lors de la tenue d’un stand dans la rue, l’annonce de la libération d’un prisonnier d’opinion pour lequel elle s’est battue ou encore le fait de réaliser combien nous sommes nombreuses et nombreux à militer pour la reconnaissance des droits fondamentaux.
Cet optimisme ne l’empêche pas de fustiger ce qui ne va pas dans son propre pays. «J’ai le sentiment que trop souvent, en Suisse, nous posons un regard condescendant sur les autres pays, fiers que nous sommes de notre démocratie et de la qualité de notre vie. Nous oublions peut-être que le respect des droits humains n’est jamais acquis et qu’il est de notre devoir de le préserver», estime Aude Henrioux. Pour elle, la Suisse est certes le pays d’accueil du Conseil des droits l’homme de l’ONU et l’Etat dépositaire des Conventions de Genève, mais elle encore passablement à faire pour le «mériter».
Avec le groupe de La Côte, elle prépare un brunch de récolte de fonds pour le mois d’avril prochain. Elle espère que cette manifestation aura du succès. «J’invite les lecteurs du magazine Amnesty à y participer nombreux», insiste notre interlocutrice qui y voit un signe de solidarité entre militant•e•s des droits humains.
En ces moments de turbulences et de violations des droits humains à travers le monde, Aude Henrioux refus de céder au découragement «Continuer à militer sert à garder espoir et à offrir, peut-être, un monde meilleur pour les générations à venir, qui seront, je le souhaite, plus sensibles aux droits humains, parce que mieux informées.» Et jusqu’à quand veut-elle continuer à défendre les droits humains? «Je militerai encore longtemps, peut-être même dans ma maison de retraite», promet-elle.