Membre du groupe de Vevey, Roland Rapin n’est pas un homme bavard de nature. Sauf peut-être sur un sujet : son regard sur la défense des droits humains. Installé en plein centre ville où se trouve son bureau de traduction, il est intarissable sur ses expériences au sein d’Amnesty International, à laquelle il adhère quand il fait encore ses études de droit à l’Université de Lausanne. Nous sommes en 1985. En 1990, il fait déjà partie du comité exécutif national de l’organisation. Il dit s’être engagé parce qu’il y avait des militant·e·s très actifs. Il cite notamment deux figures qui l’ont particulièrement marqué : Steve Ayrton et François Cherix. Le premier l’aide à faire ses premiers pas de jeune militant quand il est encore étudiant, tandis que le deuxième inaugure une série de réformes au sein de la Section suisse, ce qui fait découvrir à Roland Rapin qu’Amnesty International n’est pas un mouvement figé. «Aujourd’hui, Amnesty est une organisation qui a profondément changé. Au début, se souvient-il, nous tenions surtout des stands d’information. De nos jours, je me rends compte que les actions sont très variées et les mandats de longue durée. » Le Vaudois se dit aussi marqué par l’engagement de jeunes militant·e·s, ce qui, pour lui, vient renforcer l’image positive de l’organisation au sein de l’opinion publique.
S’il savoure toutes ces avancées significatives, Roland Rapin se dit aussi révolté par les violations flagrantes des droits humains, surtout quand elles sont commises dans des pays dits démocratiques. Un exemple parmi d’autres : l’intervention des Etats-Unis et de leurs alliés en Irak. En Suisse, il pense encore à la dernière votation sur les minarets et fustige les préjugés qui sont toujours et encore véhiculés par un certain nombre de partis politiques. «Quand je sais que chaque Suisse a dans son entourage un étranger dont il a un avis positif, je ne supporte pas les discours qui veulent faire croire que les étrangers sont tous mauvais», s’indigne le juriste.
S’il est déçu sur certains points, Roland Rapin reste cependant motivé et tourne résolument son regard vers l’avenir, qu’il envisage positivement. «En matière de droits humains, on ne se repose jamais. Quand on gagne une victoire, il faut surtout la maintenir », constate celui qui assure la traduction française d’un bon nombre de documents allemands de la Section suisse d’Amnesty International. Pour lui, l’organisation dispose aujourd’hui de nombreux outils pour mieux faire avancer sa cause. Il cite en exemple internet : «C’est un véritable véhicule d’informations », observe-t-il, avant de rappeler qu’il ne doit pas effacer les rencontres traditionnelles qui favorisent les échanges entre les militant·e·s. Pour rendre plus efficace son travail, Roland Rapin estime qu’il faut également améliorer le travail en réseaux, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’organisation. «Nous ne sommes plus seuls à défendre les droits humains, ce qui est pour moi une chance énorme qu’il faut exploiter pour faire avancer notre mission. » Pour ce marathonien des droits humains, il faut aussi continuer à mener l’énorme travail de lobbying auprès des milieux politiques et économiques.
Partenariat, écoute et échanges entre les militant·e·s, de la base au sommet, sont finalement les clés du succès que nous propose Roland Rapin pour continuer à mener notre mission en faveur du respect des droits humains.