Mais pour réduire de moitié la faim et la pauvreté dans le monde d’ici 2015, s’assurer que tous les enfants aillent à l’école, donner accès à l’eau potable et réduire la mortalité infantile et maternelle tout en garantissant le développement durable, les efforts entrepris jusqu’ici devraient être redoublés. D’autant plus que la crise économique mondiale est venue aggraver la situation et qu’à l’heure actuelle, plus d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim.
Les OMD ont été divisés en cibles chiffrées, ce qui a l’avantage de les rendre mesurables et de permettre une évaluation quantifiée. Le problème est que les cibles ont été fixées à partir de moyennes qui ne sont pas adaptées aux diverses réalités régionales et nationales. Pour certains pays, les objectifs sont trop hauts, pour d’autres pas assez ambitieux. A l’heure du bilan intermédiaire, les résultats divergent fortement que l’on parle du Viêt-Nam ou du Soudan et qu’il s’agisse de l’accès à l’eau potable ou de l’élimination de la faim. Définir des objectifs nationaux mesurables en tenant compte du niveau actuel du pays et des ressources disponibles serait un pas en avant vers un suivi plus efficace des engagements de chaque Etat. Une approche nouvelle serait également nécessaire pour s’assurer que les bénéficiaires soient réellement les populations les plus vulnérables.
Actuellement, les OMD sont critiqués pour le manque d’attention portée à la réduction des inégalités et à la justice sociale. La question de la discrimination et de l’exclusion des minorités et des femmes n’est pas prioritaire, alors que l’on sait que celles-ci sont les principaux facteurs qui engendrent et aggravent la pauvreté. L’égalité des sexes est certes au cœur du troisième objectif, mais elle n’est pas suffisamment considérée dans la mise en œuvre des autres objectifs. D’autre part, les populations concernées n’ont que rarement leur mot à dire sur les politiques mises en place. Instaurer une approche basée sur les droits humains garantirait aussi à ces populations de pouvoir revendiquer leurs droits.
A cinq ans de l’échéance, « notre monde possède les connaissances et les ressources nécessaires à la réalisation des OMD», a relevé le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, dans son rapport rédigé en préparation du Sommet de septembre. «Notre défi aujourd’hui est de convenir d’un plan d’action pour les réaliser.» Un défi de taille, qui ne pourra être atteint que si, dès septembre, les intentions humanistes laissent enfin place à une réelle volonté politique d’éradiquer la pauvreté.