L’auteur décrit «une politique d’humanisme caractérisée, soucieuse d’assurer à la dignité de l’être humain un réel ancrage social dans le cadre démocratique à vocation solidaire, une politique humaniste portée par des hommes conscients et volontaires». Cette pensée, objet d’un processus de réflexion permanent, fleurira lors de deux événements majeurs : le Printemps de Prague (1968) et la révolution de velours (1989).
L’historien développe un point de vue pointu, critique, reprochant à bon nombre d’intellectuels occidentaux d’avoir brouillé «l’image de l’expérience tchèque» et d’avoir rendu «peu accessible le message des opposants d’Europe centrale, pour qui le terme d’humanisme était plus riche de sens et de portée qu’en Occident».
L’écriture est vive, précise, et les extraits des discours insérés dans la trame du livre apportent une touche d’émotion, donnant l’impression de revivre ces moments historiques en direct. La riche bibliographie qui clôt l’ouvrage souligne le travail de recherche minutieux fait par l’auteur.
«Mais serons-nous jamais curieux, ici en Occident, de ce peuple, de son histoire, de sa culture ?», s’interroge Karel Bosko qui reste convaincu que l’humanisme tchèque pourrait encore aujourd’hui renforcer le monde occidental en mal de valeurs : «Privée d’une vérité spirituelle, toute démocratie est condamnée à rester bancale» (Karel Kosik, penseur tchèque).
Karel Bosko, L’humanisme endurant, Genève, Labor et Fides, 2010, 236 p.
Article paru dans le magazine AMNESTY, n°63, publié par la Section suisse d’Amnesty International, novembre 2010.