A trente-six ans, Manon Schick deviendra directrice générale de la Section suisse d’Amnesty dès le 1er mars prochain. «Toujours souriante, fidèle à ses convictions et surtout pleine d’énergie positive», la décrit Véronique Bourlard, ancienne responsable du groupe militant lausannois qui a vu les premiers pas de Manon à Amnesty en 1996. «J’avais vingt-deux ans et un fort besoin d’engagement», raconte la future directrice générale, qui s’était engagée au même moment comme rédactrice bénévole du magazine, intitulé à l’époque Amnistie !
Manon Schick a fait connaissance avec Amnesty International en écoutant la retransmission d'un concert géant organisé pour les trente ans de l’organisation aux Etats-Unis, en 1991. «Tout d’un coup, ça m’a semblé évident de travailler sur les droits humains. Respecter les droits des gens, c’est leur donner la possibilité de s’exprimer sur leurs besoins, la base pour améliorer leur vie.» Difficile pour Manon de trouver l’origine de sa fibre militante. «Cela vient certainement de mes valeurs familiales. Et de mon origine allemande. L’héritage de la Seconde Guerre mondiale et la séparation entre Allemagne de l’Ouest et de l’Est m’ont profondément marquée.»
A quatorze ans, Manon entreprend sa première action militante. Dans les grandes surfaces, elle colle des étiquettes sur les boîtes d’ananas produites en Afrique du Sud, encourageant le boycott pour lutter contre l’apartheid. «J’étais révoltée par ce système, je me souviens de la sortie de prison de Nelson Mandela comme d’un grand moment.»
Au sein du groupe militant lausannois d’Amnesty, Manon Schick prendra en main le dossier Colombie, préparera des lettres et organisera des stands. Mais cet engagement ne lui suffit pas et elle partira dans ce pays accompagner des défenseurs et défenseuses des droits humains avec l’organisation Peace Brigades International en 2003. C’est pendant cette mission que Manon postule au poste de porte-parole de la Section suisse d'Amnesty, qu'elle reprend dès 2004, «grâce à son passé de militante engagée et à son profil journalistique», témoigne Catherine Morand, sa prédecesseuse. Manon Schick rejoint la direction de la Section suisse trois ans plus tard.
Pendant ces sept années au secrétariat, Manon a été particulièrement marquée par ses missions sur le terrain. Au Mexique, elle rencontrera des militantes des droits de la femme. « Quand je vois les risques que certaines personnes prennent pour défendre leurs droits, mon engagement prend tout son sens. » Et les coups durs ne manquent pas. «Dans certaines situations, j’ai un très fort sentiment d’impuissance. Mais je ne me permets pas de baisser les bras. Même si je peux faire la différence pour une seule personne, je le ferai. Mieux vaut allumer une lueur que maudire l’obscurité, c’est le slogan d’Amnesty.»
Devenir directrice générale est un nouveau défi. Pour la Suisse, Manon Schick se préoccupe avant tout de la politique d’asile et de la remise en cause du droit international. «L’UDC veut nous faire croire que notre démocratie souffre des ordres dictés par les conventions internationales. Cette idée est dangereuse et on ne peut pas rester les bras croisés. La solution ? Il faut renforcer l’éducation aux droits humains pour faire comprendre que le droit international est la garantie de notre Etat démocratique.»