Le conflit a fait plus de deux millions de morts et quatre millions de déplacé·e·s. Ces derniers mois, des combats tribaux pour le contrôle des terres et des ressources naturelles ont à nouveau fait des milliers de victimes et laissaient craindre un réveil de la guerre civile et l’impossibilité de tenir le référendum.
A Juba, capitale du Sud, le scrutin a finalement eu lieu dans un climat généralement calme. Les observateurs nationaux et internationaux présents pour garantir la liberté de vote affirment qu’elle a été respectée.
C’est dans la région d’Abyei, située à la frontière entre le Nord et le Sud, que des affrontements ont eu lieu. Le sort de cette région, revendiquée par les deux parties du Soudan, devrait aussi être déterminé par un référendum régional. A l’heure actuelle, la situation est bloquée par des parties qui ne parviennent pas à s’accorder sur le droit de vote.
Le gouvernement de Khartoum s’est engagé à respecter la sécession de la région autonome du Sud. Mais la crainte subsiste que la discrimination contre les Sud-Soudanais·e·s résidant au Nord s’accentue après le résultat du référendum. La garantie du libre choix de leur nationalité n’est pas non plus assurée. Malgré ces risques, les Sudistes espèrent que leur indépendance, qui devrait devenir effective en juillet 2011, leur apportera une paix durable et un développement économique. Si le Sud est riche en ressources naturelles, notamment en pétrole, le Nord dispose des infrastructures, tels des pipelines stratégiques. Des négociations autour des revenus du pétrole restent indispensables pour une pacification à long terme d’un pays ravagé par un demi-siècle de guerre civile.
Ce référendum sur la sécession du Sud ne doit pas détourner l’attention internationale, comme cela a été le cas en 2005 avec l’accord de paix, des graves violations de droits humains au Darfour où, encore en décembre dernier, plus de vingt mille personnes étaient déplacées à la suite d’attaques menées par le gouvernement. Des atteintes aux droits humains sont également commises au Nord du Soudan. Les arrestations arbitraires par des agents du Service national de la sûreté et du renseignement, qui bénéficient de l’immunité, et les traitements cruels, inhumains et dégradants envers les femmes y sont fréquents. Ces dernières risquent d’être arrêtées et flagellées simplement en raison de leur style vestimentaire et de leur comportement en public.