MAGAZINE AMNESTY Portrait Libres grâce à vous

Article paru dans le magazine AMNESTY, n°65, publié par la Section suisse d’Amnesty International, mai 2011.
Des milliers de prisonnières et de prisonniers d’opinions ont été libéré·e·s grâce à votre engagement, gros plan sur quatre personnalités.
Václav Havel

Václav Havel. © Hugh McElveen

«Les droits de l’homme et les droits civiques universels ne seront respectés qu’à une condition. Il faudra que l’homme se rende compte qu’il est «responsable pour le monde entier.»

Dramaturge, écrivain, philosophe, homme politique, Václav Havel a été emprisonné dans les années 70 et 80 en raison de ses opinions politiques. En 1967, lors d’un congrès des écrivains, il avait critiqué dans son discours la discrimination des libertés civiques et culturelles tchèques et slovaques par le régime communiste. Emprisonné pour la dernière fois en 1989, il deviendra cette même année président de la République tchécoslovaque socialiste, puis une deuxième fois en 1990, la république devenant à ce moment-là fédérative. Il restera président jusqu’en 2003. Prisonnier d’opinion, il fut le premier président en exercice à avoir adhéré à Amnesty, en 1991. Nommé ambassadeur de conscience

par Amnesty International en 2003, il continue de s’engager en faveur des droits humains, s’insurgeant en 2009 contre le mépris de ces derniers par la Chine lors d’un sommet européen, fustigeant la «timidité» du président américain Obama à recevoir le dalaï-lama ou soutenant Aung San Suu Kyi dans sa lutte contre le régime dictatorial birman.

Aung San Suu Kyi

Aung San Suu Kyi. © Chris Robinson

«Je veux travailler avec toutes les forces démocratiques», a déclaré Aung San Suu Kyi à la fin de sa résidence surveillée. Libérée en novembre 2010, elle a passé plus de quinze des vingt et une dernières années en résidence surveillée. La fille du héros de l’indépendance birmane, le général Aung San (assassiné en 1947) a été influencée par la philosophie et les idées du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King. Son engagement, non-violent, en faveur de la mise en place d’un régime démocratique

lui vaut un grand succès auprès de la population. Lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, ambassadrice de conscience en 2009, c’est en raison de son rôle de dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie, parti d’opposition au Myanmar, qu’elle avait été arrêtée, lorsque la junte birmane avait refusé de reconnaître sa victoire aux élections de 1990.

La libération d’Aung San Suu Kyi constitue une grande victoire car, par son action non-violente, elle a permis à son peuple de continuer à espérer. En janvier 2011, dans le cadre du 63e anniversaire de l’indépendance de la Birmanie, elle déclarait: «Nous souhaitons développer la société civile et appeler le gouvernement à considérer nos requêtes et nos revendications. Nous amenons les gens à comprendre qu’ils ont eux-mêmes le pouvoir d’obtenir ce qu’ils veulent. Mais la chose la plus importante, c’est de renforcer leurs capacités. Quels que soient les moyens que nous utilisons, nous souhaitons qu’ils soient non-violents.»

Luis Inácio da Silva

Luis Inácio da Silva. © AI

«Si, à la fin de mon mandat, il ne reste plus une seule personne qui ne mange pas trois fois par jour au Brésil, j’aurai accompli la mission de ma vie.»

Celui qui a été surnommé «Lula» par les Brésilien·ne·s a été choisi comme président de la République fédérative du Brésil en décembre 2002. Issu d’un milieu extrêmement modeste, obligé de travailler dès l’âge de dix ans, il deviendra syndicaliste puis président du syndicat de la métallurgie en 1975. Ancien prisonnier d’opinion, défendu par Amnesty, Lula a été élu vingt ans après avoir été condamné par la dictature suite à une grève historique de quarante et un jours en 1980. La même année, il fonde avec d’autres le Parti des travailleurs et il entame dès 1982 une carrière politique. Après deux mandats, huit ans à la présidence et auréolé d’une immense popularité, Lula quitte le pouvoir en décembre 2010.

Wangari Maathai

Wangari Maathai. © AI

«Nous plantons les graines de la paix maintenant et pour le futur.»

Ecologiste et militante, elle est la première femme d’Afrique de l’Est à obtenir une licence en biologie, en 1964, aux Etats-Unis. Elle poursuit ses études en Europe et en Afrique du Sud où elle obtient son doctorat. Elle revient dans son pays natal, le Kenya, où elle fonde le mouvement écologiste de la Ceinture verte. A une époque où la déforestation menace la planète, Wangari Maathai a mis en œuvre un programme grâce auquel trente millions d’arbres ont été plantés. En militant contre l’abattage des arbres, Wangari Maathai a donc aussi participé à la dénonciation des pratiques de corruption dans un pays où les intérêts particuliers des représentants du régime autoritaire de l’ancien président kenyan Daniel Arap Moi primaient sur la préservation des ressources naturelles essentielles pour assurer l’avenir de la population. Elle sera emprisonnée à plusieurs reprises, notamment en 1991; cette année-là, elle sera libérée suite à une campagne de lettres d’Amnesty. Elle a obtenu différents prix, dont le prix Nobel de la paix en 2004 pour sa contribution au développement durable, à la démocratie et à la paix. En se battant pour l’écologie, Wangari Maathai a travaillé au développement de son pays avec l’objectif ultime d’améliorer les conditions de vie de ses compatriotes et notamment d’aider les femmes à sortir de la pauvreté.