Avec pour justification la «lutte contre le terrorisme», les Etats-Unis se sont rendus coupables d’atrocités et ont eux-mêmes propagé un climat de terreur au niveau international. En Afghanistan et en Irak, les guerres ont tué ou poussé à l’exil des centaines de milliers de civil•e•s. Dans ces mêmes pays, mais aussi à Guantánamo et dans des prisons secrètes, des milliers de personnes ont été détenues arbitrairement. A cause de leurs liens, prétendus ou avérés, avec Al Qaïda ou l’ancien gouvernement taliban afghan, ces personnes se sont vu refuser leurs droits les plus fondamentaux. Privées de tout procès, certaines d’entre elles ont été victimes de torture et de mauvais traitements. L’administration étasunienne a ouvertement sanctionné des techniques d’interrogation violant clairement la convention contre la torture des Nations unies, dont les Etats-Unis sont pourtant parties. Même si les valeurs américaines «appellent à traiter avec humanité les prisonniers», certains «n’ont légalement pas le droit de recevoir un tel traitement», expliquait le président des Etats-Unis alors au pouvoir, Georges W. Bush.
Mais les Etats-Unis n’auraient jamais pu instaurer un tel climat de terreur sans aide extérieure. D’après Manfred Nowak, ancien Rapporteur spécial sur la torture de la Commission des droits de l’homme des Nations unies, soixante-six Etats ont collaboré avec les Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme, notamment en Europe. Des prisons secrètes administrées par la CIA ont été hébergées entre 2002 et 2005 en Lituanie, Roumanie et Pologne. Les autorités suédoises ont même remis directement à la CIA des personnes transférées ensuite en Egypte et torturées. La Suisse aussi a participé à la «lutte contre le terrorisme». Dans le cadre des vols illégaux de la CIA, elle a autorisé des survols de son territoire et des atterrissages à Genève et Zurich. Et dix ans après? Seuls quelques représentants gouvernementaux au bas de l’échelle hiérarchique ont été légalement tenus responsables des détentions arbitraires et des actes de torture. Sauf quelques rares exceptions, les prisonniers libérés sans inculpation n’ont pas reçu d’indemnisation, ni bénéficié de quelque forme de réparation que ce soit. La situation en Irak et en Afghanistan est toujours plus que critique. Et si Barack Obama a demandé la fermeture des centres de détention secrets, cent septante et une personnes sont toujours détenues à Guantánamo.
Quand pourrons-nous dire: «Je me souviens du jour où Guantánamo a fermé»?