«Non aux mines, oui à la vie!» cette affirmation est partagée par plus d’un million de personnes à tra- vers le Guatemala qui ont exprimé leur refus de l’exploitation minière sur leur territoire, suite à une cinquantaine de consul- tas comunitarias (référendums communautaires). Le département de Huehuetenango a ainsi été déclaré «libre de mines et de mégaprojets d’exploitation des ressources naturelles» par cinq mille délégué·e·s des peuples indigènes en mai 2011, lors d’une cérémonie maya. Les communautés font pression sur le gouvernement pour qu’il reconnaisse la validité des consultas. Le 1er décembre 2011, elles ont remporté un succès historique: la cour constitutionnelle du Guatemala a rendu un jugement affirmant que l’etat doit consulter les peuples indigènes avantde prendre toute décision concernant leur territoire.
A San Marcos, comme dans d’autres départements riches en minerais, les communautés indigènes se sont organisées pour défendre leurs territoires. Selon l’évêque Alvaro Ramazzini, fondateur de la commission pastorale pour la paix et l’environnement, «le droit à être préalablement consulté apparaît aujourd’hui comme une revendication claire des communautés. nous appuyons donc la résistance pacifique contre l’extraction minière.» Cette résistance se fait parfois au péril de la vie des militant·e·s: de nombreuses personnes engagées pour défendre les droits des indigènes et l’envi- ronnement ont été menacées, agressées, voire assassinées. Alvaro Ramazzini a également été la cible de menaces.
Dans son diocèse de San Marcos, la compagnie canadienne Goldcorp Inc., troisième exploitant d’or et d’argent au niveau mondial, extrait de la mine Marlin «L’or le meilleur marché du monde», tandis que la population manque d’eau. «A quoi bon avoir de l’or quand on n’a pas d’eau?», s’insurge l’évêque. L’industrie minière pompe non seulement d’immenses quantités d’eau, mais utilise aussi du cyanure hautement polluant. La commission pastorale pour la paix et l’environnement analyse elle-même la qualité de l’eau, afin de prouver les conséquences néfastes de l’activité minière sur la santé des habitant·e·s et d’exiger des actes de la part du gouvernement. «Le Guatemala est victime du modèle néo-libéral qui conduit à l’exploitation des ressources naturelles, affirme Alvaro ramazzini. Les lois sont très faibles pour protéger l’environnement et l’etat a très peu de moyens techniques pour analyser les dégâts causés aux sources, aux rivières et aux réserves d’eau.»
Le combat de l’évêque vise aussi à modifier la loi sur les mines. La filiale locale de Goldcorp Inc., Montaña exploradora, paie une taxe équivalant seulement à un pourcent de ses bénéfices, selon un prix de l’or fixé il y a quatre ans. Mais depuis la crise, le prix de l’or, valeur refuge, n’a cessé d’augmenter. Au bénéfice de qui? Invité en Suisse pour témoigner, l’homme d’eglise est persuadé que la société civile du nord a un rôle important à jouer pour soutenir les luttes des populations du Guatemala: «Demandez au gouvernement suisse d’où vient l’or vendu dans votre pays!»
Malgré tout, Alvaro Ramazzini voit deux grands signes d’espoir. D’une part, les organisations indigènes qui se battent pour défendre leur territoire jouent un rôle croissant. L’évêque espère que le nouveau président, Otto Pérez Molina, les écoutera. D’autre part, il mise sur la jeunesse guatémaltèque: «Nous avons une population jeune. Je place de grands espoirs en sa volonté de se battre pour avoir un futur!»