C’est peu dire que les méthodes de l’EI sont violentes. Amnesty International a notamment documenté le nettoyage ethnique qui a eu lieu cet été dans le nord de l’Irak, avec son lot d’enlèvements et d’exécutions sommaires de masse. En première ligne: les minorités ethniques et religieuses non arabes et non sunnites. L’organisation a recueilli le témoignage de personnes qui ont échappé à ces massacres. Certains récits décrivent la manière dont des dizaines d’hommes et de garçons de la région de Sinjar, dans le nord de l’Irak, ont été rassemblés par des combattants de l’Etat islamique, entassés dans des pick-up et conduits à l’extérieur de leur village pour être massacrés en groupe ou abattus individuellement. L’EI a aussi massacré des centaines de prisonniers chiites ou de l’armée syrienne lorsqu’il s’est emparé de Mossoul, Tikrit ou Tabqa. Il s’est glorifié de ces massacres en diffusant des photographies. L’organisation Human Rights Watch a de son côté dénoncé les agressions sexuelles dont sont victimes les femmes yézidies achetées et vendues par des djihadistes.
Au niveau occidental, l’EI s’est avant tout fait connaître par les décapitations d’otages américains et britanniques, mises en scène et diffusées dans des vidéos qui ont fait le tour de la planète.
Les méthodes abjectes utilisées par l’EI doivent nous interpeller. Pourtant, elles ne sont pas nouvelles au Moyen-Orient. Loin de là. Depuis bientôt quatre ans, Bachar el-Assad commet les pires atrocités contre sa population qui, avant que la guerre civile ne débute, ne faisait que demander pacifiquement des réformes. Dans d’autres pays, le mouvement de protestation désigné comme le Printemps arabe a brutalement été réprimé par la force ou dans le sang, par l’armée et les forces de sécurité. Que dire de l’Iran, qui depuis des décennies réprime brutalement toute forme d’opposition, exécutant chaque année des centaines de prisonniers politiques.
Et que dire des crimes de guerre commis par l’armée israélienne contre des zones d’habitations civiles. L’incroyable impunité dans laquelle les Etats de la région commettent ces crimes est un terreau pour de nouveaux crimes. Tant que ces Etats ne mettront pas fin au cercle vicieux des violations des droits humains, ils courent le risque d’en alimenter de nouvelles, que ce soit par des représailles de populations civiles concernées qui se constituent en groupes armés, ou par l’apparition ou le renforcement des groupes terroristes. L’intervention d’une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis contre l’EI en Irak et en Syrie doit aussi nous interpeller sur les divergences d’approche de la communauté internationale dans la région. Malgré les horreurs commises en Syrie et dans la bande de Gaza, ni ce pays ni Israël n’ont eu à répondre de leurs actes devant une instance internationale.