Tandis que l’augmentation du nombre de personnes en fuite qui rejoignent l’Europe fait la une de l’actualité, ce sont les pays en développement qui accueillent l’essentiel d’entre elles, sans aucune aide ou presque. Les appels humanitaires de l’ONU pour les réfugié·e·s sont constamment sous-financés.
Et au lieu de relever le défi d’un accueil accru de réfugié·e·s, nos gouvernements s’efforcent d’imaginer des moyens pour les maintenir hors de nos frontières : constructions de murs, accords avec des pays tiers pour qu’ils traitent les demandes des réfugié·e·s aux portes de l’Europe, renvois selon les accords de Dublin, etc. La Suisse participe largement à cette dynamique, qui risque d’aller en se renforçant avec la victoire de l’UDC aux dernières élections fédérales. Actuellement, le Secrétariat d’Etat aux migrations accélère les renvois en traitant prioritairement les cas Dublin plutôt que de favoriser l’intégration des réfugié·e·s venu·e·s de zones de conflits.
Pourtant, pendant les guerres balkaniques notre pays a, plusieurs années de suite, accueilli un nombre bien plus important de réfugié·e·s qu’à l’heure actuelle. Deux décennies après leur arrivée, les hommes, les femmes et les enfants qui fuyaient la Bosnie-Herzégovine se sont fondus dans notre société, la colorant d’apports nouveaux. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour celles et ceux qui fuient la Syrie ou l’Erythrée ? La Suisse doit considérer leur accueil et leur intégration comme une priorité. Elle en a les moyens.
Nadia Boehlen