Annonce de la construction d’un mur avec le Mexique, menace de couper les vivres aux villes qui refusent de coopérer avec la police fédérale sur l’immigration, justification réitérée du recours à la torture. Et parmi les mesures les plus préoccupantes : l’interdiction, grossièrement discriminatoire et anticonstitutionnelle, faite aux réfugié·e·s et aux ressortissant·e·s de sept pays arabes à majorité musulmane d’entrer sur le territoire américain et la nomination du suprémaciste blanc Steve Bannon au Conseil national de sécurité (National Security Council).
Programme effrayant
Les comiques de la planète se sont emparés de l’image du nouveau président, de ses propos vulgaires et égocentriques, et de ses premiers pas au gouvernement dans des mises en scène et des sketchs hilarants. Il est vrai que les premières mesures prises pourraient prêter à rire tant elles sont grotesques et à contresens de tout ce qui fait les États-Unis et notre monde occidental : des démographies bigarrées, des échanges économiques, de populations, de connaissances et, malgré des mécanismes de protection inhérents à nos sociétés, des perspectives d’ascension sociale pour chacun et chacune d’entre nous, indépendamment de sa religion ou de la couleur de sa peau.
Mais on aurait tort de prendre les premières décisions du président à la légère. En réalité, elles esquissent un programme effrayant, celui de la promotion d’une Amérique blanche, solvable et conservatrice, au détriment des minorités ethniques ou sexuelles, de l’ordre constitutionnel, et même de la pensée et de l’économie libérale, dont Trump se fait pourtant le chantre. Heureusement, depuis l’investiture de Trump, des centaines de milliers d’Américain·e·s manifestent presque sans discontinuer dans un déferlement de slogans progressistes.
Désobéissance civile
Mais il y a mieux, une forme de résistance et de désobéissance civile apparaît à de multiples niveaux. Des dizaines de villes ont réaffirmé leur engagement à rester «sanctuaire», qualificatif qui désigne les 300 villes et quatre États qui refusaient de coopérer avec la police fédérale sur la question des sans-papiers. Ainsi, les maires de San Francisco, Seattle, Boston et Washington ont exprimé leur refus de participer aux éventuelles déportations de clandestin·e·s. Des associations, dont la puissante ACLU (American Civil Liberties Union) ont saisi la justice avec succès pour qu’elle suspende le décret anti-immigration. Un jour à peine après sa promulgation, un juge de New York empêchait l’expulsion des personnes interpellées, et une semaine plus tard, un juge fédéral de Seattle suspendait l’application du décret sur l’ensemble du territoire des États-Unis. Bref, les Américaines et les Américains – une majorité selon certains sondages – semblent bien décidé·e·s à batailler ferme pour conserver leurs acquis démocratiques et leurs libertés. Face à la montée des populismes et à l’incapacité de leur gouvernement de gérer la question des réfugié·e·s en provenance des zones de conflit, les Européen·ne·s feraient bien de s’en inspirer !