Dans le fond de l’entrepôt à l’intérieur de la pièce la plus éclairée, qui sert à la fois de bureau, de cafétéria et de secrétariat, Nicole Jardin Nounagnon, responsable du matériel de Stand up for Refugees, explique le déroulement de la matinée aux bénévoles : «Nous avons reçu deux listes énumérant les besoins de deux camps, l’un à Thessalonique en Grèce et l’autre en Hongrie. Ils nous demandent des habits d’hiver pour hommes et des sacs de couchage.»
Nicole peut compter sur une dizaine de bénévoles réguliers : «Il y a des personnes de tous les horizons, pas mal de retraités et de requérants d’asile. C’est très important pour eux de pouvoir se sentir utiles.» Après avoir affiché les listes, le travail peut commencer. Alîn, un bénévole syrien, commence à préparer les palettes. «Je suis en Suisse depuis une année, et ça fait huit mois que je viens aider. C’est très important pour moi parce que je connais des gens qui sont dans les camps», révèle-t-il. Plusieurs bénévoles viennent d’un centre d’hébergement collectif pour requérant·e·s. Participer à Stand up for Refugees leur permet également de tisser des liens et d’apprendre l’allemand ou le français avec d’autres bénévoles. «Nous sommes une grande famille,» dit Nicole avec le sourire.
Ne pas rester les bras croisés
L’association est fondée au mois d’octobre 2015 par deux mères de famille qui ne pouvaient plus rester sans rien faire face à la situation des réfugié·e·s. Tout commence avec Facebook, le canal de communication principal de l’association, grâce auquel elles commencent à se faire connaître. Stand up for Refugees est alors contacté par d’autres organisations humanitaires qui lui envoient des listes des besoins pour les différents camps de réfugié·e·s. Depuis sa fondation, plus de cent tonnes d’habits ont pu être récoltés et acheminés lors d'une trentaine de voyages par camions, ou encore par bateaux. Ceux-ci ont fait route vers les camps à Calais, Berlin et sur la route des Balkans. L’association reçoit de la marchandise de toute la Suisse, car elle est une des seules à récolter du matériel et à organiser son transport dans les camps.
En avril 2016, Nicole, les deux cofondatrice et leurs enfants se sont rendues dans un camp à Athènes. Elles y ont passé trois jours à discuter avec les réfugié·e·s sur place et à acheter ce dont ils avaient besoin, en plus de ce qu’elles avaient ramené de Suisse : nourriture, médicaments, habits. «Quand on revient de ces camps, il est difficile de trouver les mots et d’expliquer concrètement aux gens d’ici ce que nous avons vécu», révèle la mère de famille. Un des volontaires a d’ailleurs décidé de rester à Lesbos, en Grèce, où il aide en cuisine et donne divers coups de main depuis une année. Nicole organise son temps du mieux qu’elle peut entre les quatre demi-journées au local, son travail en tant qu’éducatrice spécialisée et ses trois enfants. «Si je ne participais pas à Stand up for Refugees, il manquerait clairement quelque chose dans ma vie», confie-t-elle.
«À chaque fois que l’on voit partir une cargaison, on se dit qu’un enfant aura plus chaud. C’est un moment très émouvant» - Nicole Jardin Nounagnon
Obstacles administratifs
Certains camps officiels en Grèce ne laissent pas entrer d’organisations humanitaires. Parfois, ce sont les réglementations douanières qui posent problème, comme le raconte Nicole : «Ce qui me tenait vraiment à cœur, c’était de pouvoir envoyer des habits en Serbie. Mais nous avons dû abandonner le projet car la régulation des douanes est très stricte. Tout doit être désinfecté chimiquement, et je n’ai trouvé personne pour le faire. C’était très frustrant !».
Malgré les obstacles, l’association Stand up for Refugees ne baisse pas les bras. «À chaque fois que l’on voit partir une cargaison, on se dit qu’un enfant aura plus chaud. C’est un moment très émouvant », ajoute Nicole Jardin Nounagnon. Et Lass, bénévole originaire du Sénégal, de conclure : «On ne sait jamais. Peut-être qu’un jour nous serons dans cette même situation. Et si ça m’arrive, j’aimerais aussi que l’on m’aide.»