Outre les mesures à court terme (aide d’urgence, rétablissement d’infrastructures et de forces de sécurité responsables), les expériences de ces dernières décennies incluent des mécanismes de justice internationaux, des mesures d’amnistie pour enrayer la violence armée, un soutien psychologique aux victimes d’exactions et des commissions de réconciliation.
Comme le montrent les exemples choisis pour ce numéro du magazine, la reconstruction est soumise à des variables externes, à commencer par les groupes d’intérêts politiques. En Tunisie, l’Instance Vérité et Dignité a contribué à la réparation psychologique pour les victimes, mais le pouvoir de Béji Caïd Essebsi, ancien ministre de l’Intérieur sous la présidence d’Habib Bourguiba, a contenu ses velléités de réformes. De son côté, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a remis en liberté des responsables de crimes de guerre de premier plan pourtant condamnés en première instance, après que leurs procès ont été cassés en appel. Ces ratés de la justice internationale n’ont pas aidé à briser la mainmise des partis nationalistes sur la Fédération de Bosnie-Herzégovine. Tandis qu’en Colombie, la mise en œuvre des accords de paix bute sur la réinsertion des ex-guérilleros et la démilitarisation des paramilitaires, entravées par la corruption et la lenteur du gouvernement. Que ce soit par le biais d’ateliers de soutien psychologique, d’associations de femmes ou de l’opposition politique, dans tous ces pays, la société civile est un moteur central de la paix.