Un sondage mené par l’institut Gfs sur mandat d’Amnesty International révèle qu’en Suisse 22 % des femmes (c’est une femme sur cinq !) ont déjà été sexuellement agressées ; 12 % ont subi des viols. Or, la moitié des femmes concernées ont gardé le silence après les faits. Seules 8 % ont déposé plainte. Résultat de ce silence : une impunité généralisée pour les auteurs de viol.
Des mythes et stéréotypes néfastes sur lesquels s’ancre une législation déficiente alimentent cet état de fait. L’idée selon laquelle la sexualité masculine serait active et débordante, voire incontrôlable, persiste encore et toujours. Par opposition, les femmes demeurent astreintes à un devoir de retenue sexuelle.
Autre mythe nuisible et particulièrement tenace tout au long de la chaîne pénale, celui d’un violeur agissant de façon brutale et inconnu de la victime. Or, dans plus de la moitié des cas, les femmes connaissent leur agresseur. Et dans ces cas leur plainte n’aura presque aucune chance d’aboutir.
En Suisse, le Code pénal ne définit toujours pas les agressions sexuelles sur la base de l’absence de consentement : si aucun moyen de contrainte (menace, violence, pression) n’a été utilisé, l’acte n’est pas considéré comme une infraction pour viol, même si la victime a clairement dit non. Il est urgent de réviser le Code pénal pour que tout acte sexuel non consenti soit punissable. Il faut aussi s’atteler à déconstruire les représentations qui perpétuent les violences sexuelles et entravent leur condamnation en justice.