Liu Xiaobo, lauréat du prix Nobel de la paix, est mort en détention. Des défenseur·e·s des droits humains sont condamné·e·s en justice sur la base d’accusations fantasques comme la «subversion du pouvoir de l’État». Des militant·e·s sont détenu·e·s pendant de longues périodes dans des lieux de détention non officiels, parfois au secret, ce qui les expose à un risque accru de torture. La «lutte contre le séparatisme ou le terrorisme» demeure sévère dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang et dans les zones à population tibétaine. Parallèlement, s’est mis en place un système extrêmement resserré de contrôle social. Deux cents millions de caméras ont été installées en cinq ans, les gares et les aéroports se sont dotés de systèmes de reconnaissance faciale, sans compter le contrôle accru exercé par les autorités sur internet. S’ajoute à ce vaste réseau de surveillance un système de notation «citoyenne». En fonction de ses antécédents bancaires, de son comportement au quotidien, de ses interventions sur les réseaux sociaux, chacun·e se voit attribuer un «crédit social», octroyant avantages ou pénalités pour son logement, son crédit ou même son profil amoureux sur les sites de rencontre !
Malgré tout, attestant l’universalité des droits humains, des Chinois·e·s s’approprient tous les jours leurs espaces de liberté. En témoignent notamment les organisateurs du festival du film queer de Pékin qui, depuis 2001, bravent l’interdiction de représenter des relations homo-sexuelles, les voix des avocats Teng Biao, Wang Quanzhang ou Gao Zhisheng, du blogueur Hu Jia ou de l’économiste ouïgour Ilham Tohti, figures de proue d’une dissidence extrême-ment vivace.