Hamza, le gymnasien de Morges, se bat pour le climat, mais également pour les migrant·e·s. ©Nicolas Schopfer
Hamza, le gymnasien de Morges, se bat pour le climat, mais également pour les migrant·e·s. ©Nicolas Schopfer

MAGAZINE AMNESTY La jeunesse à l'avant-garde de la mobilisation Hamza Palma, 16 ans, Justice climatique

Par Emilie Mathys - Article paru dans le magazine AMNESTY n° 99, décembre 2019

Si tu sens que tu n’as pas ta place dans ce monde, c’est que tu es ici pour en créer un nouveau. Cette devise, Hamza Palma l’a faite sienne. Le gymnasien de Morges, option maths et physique, compte bien faire partie de ceux qui auront réussi à sauver la planète du réchauffement climatique, et des catastrophes qui en découlent. Rencontré en marge du sommet lausannois sur le climat Smile for Future, l’adolescent de 16 ans, arborant un t-shirt à l’effigie de Dingo, n’a jamais manqué une seule marche du climat depuis le lancement de l’action, en décembre 2018. « C’est important que les jeunes manifestent, nous représentons la génération future. Nous avons une vraie légitimité vis-à-vis des politiciens », souligne Hamza, qui n’hésite pas à dénoncer l’inaction de ces derniers, malgré les nombreuses preuves scientifiques d’un changement climatique. « Le plus grave c’est que les politiques ont un pouvoir de prise de décision et qu’ils n’en font rien. Ils se justifient en arguant que la démocratie suisse est consensuelle ou alors nous demandent de venir avec des solutions », déplore-t-il.

Hamza, lui, croit en une société alternative, qui serait le contre-pied à un capitalisme effréné pilleur de ressources. « Personnellement, je prône la décroissance. Une croissance verte n’est à mes yeux pas réalisable. Mais c’est un sujet qui fait encore débat. Même lors du sommet, nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord là-dessus. »

Sa conscience « verte », Hamza l’a construite au fil du temps. Enfant déjà, par des lectures scientifiques (il est passionné d’astronomie), puis via l’activiste suédoise Greta Thunberg et son discours à la COP 24, qui l’a beaucoup marqué. Le gymnasien ne s’engage pas seulement pour les grèves du climat, mais aussi aux côtés du mouvement Extinction Rebellion, ainsi que des Amis de la Terre, d’Action non-violente COP21 et de Greenpeace – avec lesquels il a été jusqu’à Paris pour le blocage de La Défense – des Jeunes Verts et d’Amnesty International. « Je suis très sensible aux droits humains, notamment au sort des migrants. On ne résoudra pas la question climatique sans résoudre celle de la justice sociale », rappelle l’étudiant. Différents types d’engagements qui lui permettent de s’essayer à diverses formes de protestation : entre la voie politique, les grèves, les manifestations ou la désobéissance civile, tout est bon pour que résonne l’urgence de la situation. Quant à une éventuelle crainte de répression, « il ne faut pas laisser la peur l’emporter. Tant qu’un combat est légitime et qu’on ne porte atteinte à personne, il faut y aller ! », insiste-il. Et Hamza de conclure : « On nous traite d’utopistes mais il faut réaliser qu’aujourd’hui, les utopistes sont ceux qui refusent le changement. »