Une vague de manifestations a secoué l'Inde cette année. Ici, on proteste contre la réforme agricole. © Ern Jones
Une vague de manifestations a secoué l'Inde cette année. Ici, on proteste contre la réforme agricole. © Ern Jones

MAGAZINE AMNESTY Inde : minorités en ligne de mire Édito

Par Nadia Boehlen - Article paru dans le magazine AMNESTY n°106, juillet 2021
Nous consacrons ce numéro d’été à l’Inde, dont le climat social est dominé par le nationalisme hindou. Les musulman·e·s se sentent menacé·e·s et diabolisé·e·s, alors qu’il s’agit de la plus grande minorité du pays (15 pour cent de la population). Les membres de cette communauté sont victimes de violences policières et de crimes de haine.

Celles et ceux qui portent un chapeau de prière ou une burqa doivent craindre d’être attaqué·e·s dans la rue. Le parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), soutient une culture de l’impunité pour les auteur·e·s de crimes à l’égard des musulman·e·s et encourage la discrimination structurelle à leur encontre. Une discrimination actée par l’amendement de 2019 de la loi sur la citoyenneté et le Registre national des citoyens (NRC).

Dans le même temps, on assiste à une escalade très inquiétante des mesures prises par les autorités indiennes contre quiconque ose critiquer les lois et politiques répressives du gouvernement. Tandis que celles et ceux qui protestent contre la loi modifiant l’accès à la nationalité sont encore dans le collimateur des autorités, se déploie déjà la répression des manifestant·e·s hostiles à la réforme agricole. Museler ainsi la dissidence ne laisse que peu de place à l’exercice pacifique des droits fondamentaux, et notamment à la liberté d’expression, comme en témoigne la fermeture du bureau indien d’Amnesty.

Sans compter que la stratégie des pouvoirs publics pour lutter contre le COVID-19 s’est traduite par un confinement punitif instauré quasiment sans préavis, des atteintes massives à la vie privée et une diabolisation accrue des minorités religieuses, à commencer par la communauté musulmane.

Nadia Boehlen, rédactrice en chef