FALAFELS
Une intégration réussie
Falafels, houmous et pita sont passés de nourriture exotique à plats du quotidien. Comme auparavant les pizzerias et les échoppes de sushi, les restaurants servant des mets du Moyen-Orient trouvent aujourd’hui leur place dans toutes les villes. Un bon exemple de l’influence des migrations sur nos habitudes alimentaires et de la capacité d’intégration des personnes venues d’ailleurs.
MARÉE
Des emplois peu appétissants
Si le poisson ravit notre palais, les conditions de travail dans les pêcheries et les usines de transformation retournent l’estomac. À en croire l’organisation « Global Fishing Watch », elles seraient abusives sur plus d’un quart des bateaux de pêche qui naviguent sur les mers du globe. Selon le syndicat ITF, les horaires de travail dépassent parfois vingt heures par jour, les salaires sont extrêmement bas et les cabines surpeuplées. Pour maintenir la pression sur les employés, il n’est pas rare que leur passeport soit confisqué. Des conditions de travail proches de l’esclavage sont attestées.
CAFÉ
Un commerce équitable
Pour beaucoup d’entre nous, le café est indispensable au réveil matinal. Des importations directes, des prix équitables et des coopérations lui permettent de conserver son bon goût, de même que des chaînes d’approvisionnement alternatives qui luttent contre l’exploitation de la main d’œuvre et la monoculture.
NOIX DE CAJOU
Des oléagineux toxiques
Sous nos latitudes, les noix de cajou constituent un en-cas apprécié et sain. En Inde, elles rendent malades des milliers d’ouvrières. Ces fruits secs contiennent en effet une huile toxique irritante pour la peau et les yeux. Ces femmes sont nombreuses à avoir les mains noircies par l’acide, crevassées jusqu’au sang. Pour les protéger, il leur suffirait d’enfiler des gants, mais ceux-ci coûtent cher et obligent à travailler plus lentement. Les femmes ne peuvent pas se le permettre, car elles sont payées à la pièce. Elles gagnent quatre à six euros par jour pour un travail qui leur cause des douleurs parfois intenses.
AVOCAT
Un superaliment dangereux
Star des brunchs et superaliment par excellence, l’avocat a aussi sa face sombre. Au Mexique, le premier exportateur mondial d’avocats, l’« or vert » est au cœur d’un conflit entre les cartels et les paysan·e·s. Les premiers volent et
menacent les seconds, qui ripostent en se constituant en milices locales pour défendre leur gagne-pain. La culture de l’avocat a en outre des conséquences écologiques désastreuses. Pour répondre à l’explosion de la demande dans les pays riches, les pays producteurs détruisent les forêts à tout-va et instaurent des monocultures. Dans certaines régions du Chili, ce fruit très gourmand en eau a conduit à des pénuries d’eau potable pour la population (voir notre article du
magazine 106).
TOMATE
Fruit de l’exploitation
La tomate est l’une des denrées agricoles les plus populaires. Partout dans le monde, des ouvriers et des ouvrières sont exploité·e·s pour la récolter. Une forme moderne d’esclavage se répand au sud de l’Espagne et de l’Italie, où des intermédiaires recrutent une main-d’oeuvre bon marché – souvent des migrant·e·s sans permis de séjour en provenance d’Afrique ou d’Europe du Sud-Est. Ces intermédiaires les forcent à leur reverser une partie de leur maigre salaire – autour de 30 euros la journée selon les syndicats – pour payer la mise en contact avec l’employeur, le transport jusqu’aux champs et même l’eau potable. Toute réclamation entraîne le licenciement. Les ouvrières et ouvriers agricoles vivent dans des abris de fortune, exposé·e·s aux mauvais traitements et à l’arbitraire. En Espagne, des femmes ont raconté avoir subi des agressions sexuelles pendant qu’elles travaillaient dans les champs.
ORANGES
Amères récoltes
Au Brésil, les cueilleuses et cueilleurs d’oranges triment fréquemment sous une chaleur accablante, reçoivent à peine le salaire minimum ou travaillent au noir et leurs logements sont bien souvent insalubres. L’organisation « Public Eye » a constaté que toutes les entreprises de production de jus d’orange violent le droit à une rémunération équitable et à des conditions de travail décentes. Durant la pandémie, le prix du jus d’orange a augmenté sur les marchés mondiaux, mais pas les salaires des cueilleuses et cueilleurs, qui ont été forcé·e·s de continuer à travailler pendant cette période.
PAK CHOI
Du fond de l'arrière-cour
Petites surfaces plutôt que grandes cultures. En plein coeur de Nairobi, Joshua Kiamba fait pousser des légumes pour lui et pour les autres. Il participe ainsi à la lutte contre la faim, qui a augmenté avec la pandémie de coronavirus. Page 18
CACAO
Un arrière-goût désagréable
Déforestation, pesticides, conditions abusives et travail des enfants, ces maux sont depuis longtemps reprochés aux grandes entreprises chocolatières. En 2001, celles-ci se sont engagées à faire reculer de manière significative le travail des enfants. Or, un rapport de l’Université de Chicago montre qu’en 2020, 1,5 million d’enfants travaillent toujours à la culture du cacao, parfois dans des conditions dangereuses, notamment au Ghana et en Côte d’Ivoire, qui produisent près de 60 % du cacao mondial. La Suisse n’abrite pas seulement le siège de nombreux fabricants de chocolat : environ 30 % des fèves de cacao négociées au niveau mondial le sont par des entreprises suisses.
EAU
Pénurie partout
L’ONU s’est fixé pour objectif l’accès de tous les êtres humains à l’eau propre et aux installations sanitaires d’ici à 2030. Pourtant, à ce jour, deux milliards de personnes manquent toujours d’eau potable ; elles sont 3,6 milliards, presque la moitié de la population mondiale, à devoir se passer d’installations sanitaires sûres. La situation a empiré ces dernières années : des sources se sont asséchées ou ont été polluées, favorisant les infections et la propagation des maladies.
SOJA
Des fèves catastrophiques
Le soja est l’un des principaux produits d’exportation de plusieurs pays d’Amérique du Sud. Cette denrée est hautement problématique, tant sur le plan écologique qu’en matière de droits humains, car elle est issue de monocultures sur d’immenses surfaces obtenues par déboisement de la forêt tropicale. Les grands groupes agro-industriels chassent les peuples indigènes et les communautés locales des terres où ils ont toujours vécu. Les entreprises exploitent le fait que ceux-ci ne possèdent le plus souvent aucun titre de propriété formel. L’apport massif de pesticides, parfois toxiques et de ce fait interdits dans l’UE, nuit à la santé des ouvriers et ouvrières ainsi qu’à celle des populations vivant à proximité. Ces poisons s’accumulent dans les sols et les eaux où ils forment des dépôts permanents.
FRAISES
Des salaires de misère pour les migrant-e-s
Les fraises sont désormais présentes presque toute l’année dans les rayons de nos supermarchés. Pour cela, des milliers de migrant·e·s sont exploité·e·s dans les champs du sud de l’Espagne. En 2020, après avoir visité un hébergement pour travailleurs et travailleuses dans la ville de Huelva, le rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits humains, Philip Alston, a déclaré que les conditions qui y régnaient étaient les pires qu’il n’ait jamais vues. Des gens vivaient sans toilettes, sans électricité et sans eau courante dans une ville de tentes construite à la va-vite rappelant un camp de réfugié·e·s. Comme beaucoup de ces personnes ne savent ni lire ni écrire et ne parlent pas espagnol, elles sont dépendantes de celles et ceux qui les exploitent et n’ont pratiquement aucun moyen de défendre leurs droits.
WHISKY
Une alternative au saké
Le saké, c’est du passé. Parce que dix ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, les entreprises de la région continuent à traîner une mauvaise réputation. Le brasseur Tetsuzo Yamaguchi s’est donc reconverti dans le whisky.