La ZAD du Mormont est située au coeur d’une colline qui surplombe la carrière de Holcim, dans le village vaudois d’Éclépens. © CC/Lahminewski Lab
La ZAD du Mormont est située au coeur d’une colline qui surplombe la carrière de Holcim, dans le village vaudois d’Éclépens. © CC/Lahminewski Lab

MAGAZINE AMNESTY Opinion Climat: suivre l'exemple de la jeunesse

Par Amal Osman. Opinion parue dans le magazine AMNESTY n°108, mars 2022
L'acquittement total ou partiel des Zadistes du Mormont (VD) démontre que la désobéissance civile est une démarche dont la légitimité est progressivement reconnue par la justice.

Le dernier rapport du GIEC ne laisse plus de place au doute. Le dérèglement climatique s’accélère de manière inquiétante et menace directement nos conditions de vie sur terre. Les émissions de gaz à effet de serre, dont le CO2, liées aux activités humaines sont particulièrement montrées du doigt. Face à la prévalence des intérêts économiques et à l’inaction politique des autorités, les jeunes générations font bouger les lignes et se révèlent être des piliers de l’action pour le climat. C’est dans cette optique qu’en octobre 2021, les zadistes, militant·e·x·s écologistes, ont occupé le site de la colline du Mormont (VD) afin d’empêcher l’extension de la carrière de ciment de la multinationale Holcim – de loin la plus grande émettrice de CO2 en Suisse. Alors que ces activistes risquaient la prison pour leur opposition pacifique, le Tribunal a reconnu la légitimité de leur démarche, en prononçant un acquittement total ou partiel.

Ce cas démontre qu’il existe toute une série de méthodes pacifiques afin de protester et de sensibiliser le public, et la désobéissance civile en fait intégralement partie.

Cette décision est une avancée majeure puisqu’elle équivaut à une reconnaissance juridique de l’urgence climatique. Les politiques devraient s’en inspirer et saluer la contribution de toute cette jeunesse à la lutte contre le réchauffement climatique. Ce cas démontre également qu’il existe toute une série de méthodes pacifiques afin de protester et de sensibiliser le public, et la désobéissance civile en fait intégralement partie. Elle constitue depuis des décennies un moyen légitime et efficace de provoquer un changement politique et/ou juridique. Toute personne qui exerce la désobéissance civile non violente pour défendre l’environnement devrait être protégée et non réprimée.

Alors que la politique institutionnelle montre ses limites et que nous disposons de moins de 10 ans pour agir avant d’irréparables dégâts pour l’humanité, certain·e·x·s militant·e·x·s ont trouvé un moyen d’agir. Le recours à la désobéissance civile est aussi bien un signe de lassitude face à des gouvernements qui n’agissent pas suffisamment, ni assez vite, ni assez loin, que de l’inefficacité actuelle des méthodes traditionnelles. Nous devrions donc nous réjouir que des jeunes prennent la crise climatique par les cornes et luttent en faveur d’un monde qui n’exploite ni les êtres humains, ni la nature. « Ni ici, ni ailleurs ! »

Cette issue relativement favorable pour les zadistes du Mormont permettra peutêtre d’encourager d’autres initiatives pour promouvoir un changement concret en matière de politique climatique. Cependant, au moment où chaque gramme de CO2 rejeté dans l’atmosphère aggrave davantage la situation, nous avons besoin que les gouvernements prennent des mesures concrètes pour respecter leurs engagements et lutter contre le changement climatique. Pourquoi ne pas s’inspirer du courage dont font preuve les jeunes activistes écologistes pour prendre les bonnes décisions ? Et dialoguer avec elleux au lieu de les réprimer et les stigmatiser ? Un monde qui ne détruit pas la planète est possible. Construisons-le ensemble !