Nous nous sommes adapté·e·x·s à cette « vie parallèle » digitale, nous en redemandons, parce que les innovations de la tech facilitent notre quotidien : chercher la réponse à une question, réserver ses vacances ou simplement parler avec ses ami·e·x·s… tout est à portée de doigts. Les règles habituelles qui ont cours dans la rue ne s’y appliquent pas, ou pas autant. Beaucoup d’entre nous s’accorderont à dire qu’internet, les réseaux sociaux, les métavers sont des espaces de liberté. Un grand Far West dans lequel notre imagination est le seul horizon.
Mais sous la couche de vernis, le fantasme libertaire vacille. Car comme dans tout espace peu régulé, les abus sont plus difficiles à endiguer. Et comme dans tout domaine nouveau, les règles, les mécanismes de protection, le droit, ont toujours un temps de retard. Ils s’adaptent, suivent petit à petit l’évolution des pratiques pour (re)définir la ligne rouge qui sépare l’acceptable de l’inacceptable, le licite de l’illicite.
Le digital n’est rien d’autre qu’un outil. Un outil qui, dans les bonnes mains, permet de construire de grandes choses. Mais entre les mauvaises, il peut aussi menacer nos droits et nos libertés fondamentales : comme lorsqu’il est instrumentalisé pour asservir des employé·e·x·s, discriminer des minorités raciales ou de genre, ou maintenir une société sous le contrôle des entreprises ou des États. En attendant une régulation étatique, à nous de maintenir la vigilance pour ne pas capituler face à l’emprise des grands groupes de la tech, et ne pas sacrifier nos droits et nos libertés sur l’autel du confort.
Jean-Marie Banderet, rédacteur en chef