Alors qu’il est toujours plus largement prouvé que la technologie de reconnaissance faciale entrave les droits humains, la police new-yorkaise n’a pas voulu fournir des données sur son utilisation, en dépit de nombreuses demandes.
Dans le cadre du projet Decoders, Amnesty International a lancé le 4 mai 2021 un nouveau projet à New York, auquel des milliers de volontaires ont participé l’an dernier. Iels ont répertorié plus de 15 280 caméras de vidéosurveillance aux carrefours de Manhattan, Brooklyn et du Bronx, trois arrondissements qui couvrent un immense territoire presque entièrement surveillé.
Le NYPD a admis avoir appliqué la reconnaissance faciale dans 22 000 cas depuis 2017. Alors qu'il prétend n’y avoir recours que pour des crimes très graves, des reportages font entendre un autre son de cloche.
En trois semaines seulement, les volontaires ont effectué 18 841 heures, ce qui correspond à plus de 10 années de travail pour un·e·x chercheur·e·x à plein temps aux États-Unis. Les participant·e·x·s ont reçu des images de Google Street View avec la consigne de marquer les caméras dans un périmètre donné. Par groupes de trois, iels répertoriaient et analysaient les appareils susceptibles d’être utilisés avec la technologie de reconnaissance faciale.
Selon la coalition du projet « Ban the Scan », le département de police de New York (NYPD) a admis avoir appliqué la technologie de la reconnaissance faciale dans 22 000 cas depuis 2017. Alors que le NYPD prétend n’y avoir recours que pour élucider des crimes très graves, des reportages font entendre un autre son de cloche : ces technologies seraient utilisées pour poursuivre de petits délits comme les graffitis et le vol à l’étalage. La reconnaissance faciale menace également la liberté d’expression et le droit de manifester: durant l’été 2020, elle a probablement été utilisée pour identifier et arrêter un participant à une manifestation du mouvement Black Lives Matter, au motif qu’il aurait hurlé contre un policier.
Plusieurs organisations travaillent en ce moment dans toute la ville de New York pour y obtenir une interdiction stricte de la reconnaissance faciale. D’autres villes des États-Unis, dont San Francisco, Boston, Portland, ont déjà banni cette technologie. La police de San Francisco n’a plus le droit d’y recourir. Les élue·x·s de la Municipalité ont fondé leur décision en invoquant le danger pour les libertés individuelles, supérieur aux avantages sécuritaires supposés.