On l’a ignorée, crue acquise, tant elle est partout. Elle a formé la façon dont les humains se sont sédentarisés. Mais au fil du temps, les positions autour de cette ressource essentielle se sont crispées, tantôt parce qu’elle devenait rare, tantôt parce qu’elle suscitait des intérêts contradictoires. L’eau est devenue un enjeu majeur pour les États et les peuples qui en dépendent.
Depuis 2010, l’accès à l’eau est un droit humain. Mais c’est aussi une arme, un puissant moyen de pression. Qui contrôle les voies maritimes peut imposer sa volonté. Qui se situe à la source d’un fleuve a le pouvoir de contrôler tout ce qui se situe en aval, jusqu’à en faire dépendre la survie des personnes qui y habitent. Au Guatemala, l’accès à l’eau des autochtones qui vivent aux abords du fleuve Cahabón a été sacrifié sur l’autel du progrès. Deux usines hydroélectriques ont détourné son cours. Scenario similaire le long du Mékong, où des douzaines de barrages pharaoniques laissent asséchées de nombreuses portions du septième plus long fleuve d’Asie. En Afrique du Sud, la pollution et la corruption laissent des villages entiers sans eau potable. En Cisjordanie et à Gaza, celle-ci devient de plus en plus une denrée rare, un phénomène accru par l'occupation.
Partout, des individus s’élèvent contre des projets qui menacent leur existence. Un combat pour leurs droits inégal et dangereux face aux intérêts de grandes entreprises ou d’États, mais qui n’en est pas moins vital.
Jean-Marie Banderet, rédacteur en chef