© André Gottschalk
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MAGAZINE AMNESTY Opinion Changement climatique: à nous d'agir

Se préoccuper du climat n'est pas seulement une affaire de «nantis». Nous avons touxtes un effort à faire pour sortir radicalement des énergies fossiles et changer nos habitudes.

Enfant, j’ai grandi dans un village du Plateau suisse. En hiver, la route qui montait vers notre hameau était fermée à la circulation pendant des jours – il était tout simplement impossible de passer à cause de la quantité de neige. Nous descendions alors à l’école en luge. L’après-midi était consacré à des matchs de hockey sur un étang gelé à la lisière de la forêt. Quand j’en parle à mes enfants, j’ai l’impression de décrire une époque révolue. Pendant l’été caniculaire de l’année dernière, nous avons vu de nos propres yeux comment les glaciers des Alpes ont fondu et comment des ruisseaux autrefois vigoureux se sont amaigris.

Le réchauffement climatique est aujourd’hui visible et entraîne des conséquences néfastes sur la nature et les êtres humains, en Suisse aussi. L’avenir de notre planète inquiète, en particulier les jeunes, qui descendent en masse dans la rue pour protester. D’autres continuent de refouler le problème ou de rejeter toute responsabilité. Dans certains milieux politiques, il est de bon ton de s’en prendre aux activistes climatiques et de remettre en question leur crédibilité ; se préoccuper du climat serait un luxe que seuls les «nantis» pourraient s’offrir, le reste du monde s’inquiétant de mettre suffisamment de nourriture dans son assiette. La quantité d’émissions de CO2 économisée chez nous ne ferait aucune différence – le sort du climat serait décidé en Chine ou au Brésil, selon les personnes qui ne voient pas la nécessité d’agir malgré les scénarios catastrophes. Cette attitude méconnaît le fait que le Nord, riche, est lui-même à l’origine de la majeure partie du problème.

La sphère politique a le pouvoir d’éviter la catastrophe mondiale. En Suisse, les citoyen∙ne∙x∙s peuvent intervenir à travers la démocratie directe. Par exemple en votant «oui» à la nouvelle loi sur les objectifs climatiques, qui vise à ramener à zéro les émissions de gaz à effet de serre en Suisse d’ici 2050. Ou en exigeant des candidat∙e∙x∙s au Parlement fédéral qu’iels s’engagent à protéger les bases de notre vie.

Le changement climatique est l’une des problématiques les plus brûlantes de notre époque en matière de droits humains. Des millions de personnes souffrent déjà des conséquences de catastrophes extrêmes aggravées par le changement climatique : de la sécheresse persistante en Afrique subsaharienne aux tempêtes tropicales dans le Sud-Est asiatique, les Caraïbes et le Pacifique, en passant par des inondations dévastatrices comme celles qui ont récemment frappé ce dernier.

Le changement climatique va accroître et aggraver les inégalités existantes dans le monde. Il menace les droits à la vie, à l’eau et à la nourriture. C’est pourquoi Amnesty International, en tant qu’organisation de défense des droits humains, s’engage pour la justice climatique.

La situation est alarmante, le temps est compté. Il faut un effort national et international pour sortir radicalement des énergies fossiles et changer nos habitudes. Nous avons perdu trop de temps en excuses, prétextant que ce n’était pas le moment d’agir ou que ce n’était pas de notre responsabilité. Commençons donc à balayer devant notre porte et exigeons un changement politique !