La crispation de l’État français sur la réforme des retraites a coupé le dialogue avec la population: c’est désormais dans la rue que la contestation a lieu, et c’est également là qu’elle est réprimée. À Téhéran, le régime se cramponne au pouvoir et se sert de la peine capitale pour éradiquer les voix qui remettent en cause sa légitimité. Les manifestations du début de l’année au Pérou ont coûté la vie à des dizaines de personnes et conduit des centaines d’autres derrière les barreaux. La Suisse n’est pas non plus exemplaire : ce printemps, à Bâle et Genève, la police faisait usage d’une force disproportionnée pour disperser deux manifestations.
Les condamnations à mort, arrestations arbitraires, balles en caoutchouc, matraques ou encerclements ne sont pas les seules entraves à cet outil d’expression de la volonté populaire qu’est la manifestation. Il en existe d’autres, moins spectaculaires certes, mais plus compatibles avec notre État de droit. Ainsi, en Suisse, ce sont les régimes d’autorisation imposés par les différents cantons ou la participation aux frais d’encadrement et de nettoyage qui font office de frein aux manifestations.
Droit de vote des femmes, sécurité sociale ou congés payés, de nombreux acquis sociaux ont été gagnés dans la rue. D’autres batailles, comme celles portées par les grèves féministes ou du climat, doivent encore être menées. C’est précisément pour que ces luttes essentielles puissent continuer qu’Amnesty fait campagne dès cet été en faveur du droit de manifester pacifiquement.
Jean-Marie Banderet, rédacteur en chef