Lorsqu’elle était jeune, pendant la Deuxième Guerre mondiale, ma grand-mère savait qu’il existait des droits fondamentaux. Entretemps, ils ont été codifiés, et leur application est universellement reconnue. Deux générations plus tard, j’ai choisi une voie professionnelle qui implique qu’il n’y a pour ainsi dire aucun texte que je connaisse mieux que la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) − un texte qui fête cette année son 75e anniversaire.
La génération qui a vécu la guerre et ses conséquences est encore très consciente du privilège que représentait la DUDH lorsqu’elle a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1948. Elle était née dans un but de ne plus jamais reproduire les horreurs de la guerre qui venait de s’achever. Plus jamais de tels crimes ne devaient être commis contre l’humanité. Plus jamais les libertés et droits fondamentaux des êtres humains ne devaient être violés de la sorte.
Lorsque Eleanor Roosevelt, présidente de la Commission des droits de l’homme de l’ONU et épouse de l’ancien président américain, a apposé sa signature sur ce texte fondateur, elle l’a fait dans le but de garantir leurs droits fondamentaux aux habitant∙e∙x∙s de la planète entière. À l’époque, on espérait que la DUDH aurait un effet thérapeutique et transformateur sur la population mondiale. Elle a fait plus. Dans les quatre coins du monde, elle a servi de source d’inspiration pour écrire des lois, définir des politiques nationales. Elle est encore aujourd’hui le fondement des revendications de nombreux mouvements sociaux et d’autant d’activistes qui luttent pour l’égalité et la dignité humaine. Elle façonne nos valeurs sociales et offre aux avocat∙e∙x∙s et aux politiques un instrument important dans la lutte pour la justice. Mais, tandis que la génération de ma grand-mère célébrait la DUDH, la mienne et les suivantes la considèrent souvent avec indifférence. Elles devraient plutôt s’en inspirer pour connaître leurs droits.
Car malheureusement, les principes de la DUDH sont encore régulièrement violés aujourd’hui, et la situation des droits humains se dégrade à nouveau dans certains endroits. Il suffit pour s’en convaincre de regarder la guerre en Ukraine, la répression des manifestations en Iran et au Venezuela, la situation des femmes en Afghanistan, ou la persécution des personnes LGBTQIA+ dans de nombreux pays. Ces exemples sont la preuve que les États font peu pour garantir le respect de la DUDH. Pourtant, ce texte n’est pas une option, mais une obligation ! Lorsque la Chine persécute les minorités ouïghoures, lorsque le Pérou réprime violemment les manifestant∙e∙x∙s, lorsque l’Europe laisse les personnes migrantes se noyer en Méditerranée, cela nous concerne touxtes. Car chaque État qui a signé la DUDH − presque tous l’ont fait − est tenu de respecter les droits fondamentaux dans le monde entier. Les responsables de violations des droits humains doivent être poursuivis en conséquence et traduits en justice.