Une image peut dénoncer des injustices, inspirer le changement, questionner nos partis pris. Mais les artistes sont également en première ligne lorsque ces libertés sont entravées, lorsque leur travail contredit les instances qui gouvernent ou les normes sociétales.
La recherche de liberté, c’est sans doute également ce qui a poussé les personnes que l’on voit entassées dans le canot pneumatique sur le tableau Tarifa de Daniel Richter, reproduit sur la couverture de ce numéro. L’image pourrait paraître banale, tant les naufrages en Méditerranée font régulièrement les unes de nos médias. Pourtant, l’intervention de Richter a fait de cette scène dramatique une œuvre d’art à part entière. Elle interpelle par sa composition, ses couleurs. Le message politique qu’elle véhicule s’en retrouve renforcé. Richter se défend pourtant d’avoir intentionnellement créé une toile engagée. Comme lui, d’autres artistes revendiquent une liberté absolue dans leur travail, sans chercher à faire de l’art politique.
Toutes les œuvres d’art n’ont pas la portée symbolique du Guernica de Picasso. Mais l’art, en particulier visuel, peut être un vecteur puissant de messages, d’opinions, de valeurs. Il est donc primordial de préserver la liberté de créer.
Jean-Marie Banderet, rédacteur en chef