MAGAZINE AMNESTY Édito

Par Jean-Marie Banderet. Article paru dans le magazine AMNESTY n°116, mars 2024
Le regard attiré par l’Ukraine ou le Proche-Orient, nous ne leur prêtons que peu attention. Depuis une dizaine d’années pourtant, les pays du Sahel sombrent tour à tour dans un chaos alimenté par l’essor des groupes extrémistes, la riposte toujours plus violente des gouvernements, la faillite des États.

Les gouvernements du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Nigeria et du Tchad ont désinvesti les régions reculées de ces immenses territoires, laissant la population à la merci des jihadistes qui enrôlent, déplacent, tuent, pillent, détruisent les institutions et les moyens de subsistance de la population.

Pendant un temps, la France a tenté de faire le gendarme. Sans succès. En l’espace de deux ans, trois pays – le Mali, le Burkina et le Niger – ont vu l’armée prendre le pouvoir. Et la Russie placer ses billes au fur et à mesure que les troupes françaises se retiraient. L’arrivée des militaires marque aussi un tournant vers le tout sécuritaire, un recours à la force désinhibé, avec son lot de bavures et d’exactions envers les civil·e·x·s. Mais également un voile sur l’information.

Au milieu de cet enfer, il existe pourtant quelques lueurs d’espoir, comme cette initiative au Niger, qui puise dans les connaissances ancestrales pour tenter de régénérer une terre devenue aride par la sécheresse. Ou celle qui vise à financer les efforts de prévention de la radicalisation portés par des femmes au Nigeria. Et les quelques rares journalistes qui osent encore surmonter les dangers pour rendre compte de la situation ont également un rôle important à jouer : lutter contre l’indifférence et l’oubli.

Par Jean-Marie Banderet, rédacteur en chef